OS Tokio Hotel

Mercredi 27 octobre 3 27 /10 /Oct 14:30
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : OS Tokio Hotel

 

Je m’essuie la lèvre. Bill va paniquer, je saigne encore. Je rentre discrètement et monte dans ma chambre tout aussi silencieusement. Mon frère écoute de la musique dans sa chambre. Je pose mon sac et vais à la salle de bains. La blessure à ma lèvre est affreuse. Je peux oublier de la cacher. Mon piercing est à moitié arraché et m’a entaillé profondément la lèvre. J’enlève un de mes bracelets mousse. Mes poignets sont rouges et couverts de griffures, certaines ont saignés. Je remets mon bracelet.

 

Bill - Tom, tu as eu quoi à la lèvre ?

Tom - Rien.

Bill - Arrêtes de me mentir. Je sais qu’il se passe quelque chose. Tu ne me dis plus rien depuis que maman s’est barrée. Je ne te reconnais plus, Tom !

 

Il s’approche de moi, examine ma coupure.

 

Bill - Asseye-toi.

 

Je m’asseye sur le rebord de la baignoire. Il sort du désinfectant de l’armoire à pharmacie. Il m’enlève délicatement mon piercing puis désinfecte la blessure. Il se retient de pleurer. Putin, il pleure à cause de moi. Mais c’est pour lui que je fais ça, pour lui que j’endure cette souffrance presque quotidienne.

 

Tom - Bill

Bill - …

Tom - Billou ?

Bill - Quoi Tomi.

Tom - Arrêtes de t’inquiéter. Je vais bien.

Bill - Tu trouves que d’avoir la lèvre ouverte c’est d’aller bien ? Et tu crois que je n’ai pas vu les marques sur tes poignets, et les bleus sur tes bras ? Tomi, dis-moi ce qu’il se passe. S’il te plait.

Tom - Je ne peux pas. Tu ne comprendrais pas mes raisons.

Bill - Je ne demande qu’à comprendre, Tomi. Mais si tu ne me dis rien, je ne peux pas t’aider.

Tom - Tu ne peux pas m’aider. Personne ne le peut. Mais merci d’être là.

 

Je l’embrasse sur la tête, me lève et retourne dans ma chambre. Bill ne me suit pas, il sait que je veux être seul. Putin j’en peux plus de cette vie. Si seulement on pouvait revenir quatre ans en arrière, quand je parlais de tout avec Bill, et que tout allait bien dans ma vie …

 

 

Luca - Tom !

Tom - Ouais ?

Luca - Tu as du temps pour moi ce soir ?

Tom - Pas ce soir, j’ai déjà un truc prévu. Mais demain après-midi, c’est bon. Enfin, si tu me passes le fric que tu me dois.

Luca - Pas de problème, je te l’amène demain. 250, c’est ça ?

Tom - Oui. Et ce serait chez toi ou chez moi ?

Luca - Chez toi. Si on ne se croise pas demain matin, je t’envoie un message pour te confirmer.

Tom - Ok. Alors à demain.

 

 

Je n’ai pas croisé Luca ce matin. Mais il m’a envoyé un message pour me dire qu’il venait à 14h chez moi. Je sais qu’il aura l’argent. Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui, contrairement à certains. Je me baisse devant mon armoire, et sort une boite à chaussures planquée au milieu des autres. Je la pose sur le lit. Tout y est. Enfin presque. J’ouvre la table de nuit, sort les deux dernières choses. Je regarde l’heure. 13h50. Pile dans les temps. On toque à la porte. Je ne descends pas, il a l’habitude d’entrer et de fermer à clé. D’ailleurs j’entends la clé tourner dans la serrure. Je me détends au maximum. Je dois me dire que c’est pour Bill que je le fais.

Luca arrive dans la chambre. Avec lui, il faut que je rentre rapidement dans mon rôle, surtout quand il me donne rendez-vous aussi vite. Il se jette sur moi et m’embrasse sauvagement. Il me mord la lèvre. Putin je vais encore saigner. Heureusement, j’ai pensé à enlever mon piercing.

Il m’arrache presque les vêtements, et enlève les siens. Il sort plusieurs paires de menottes, un bâillon et un foulard noir de la boîte puis la pose par terre. Il prend la capote que j’avais sortie et la met. Il passe sa main dans ma nuque, attrape mes tresses et tire, pour que je me mette à genoux. Il approche ma tête de son sexe. Je le prends en bouche et le suce. Je m’aide de mes mains. Il finit par me repousser. Il prend mon bras, me relève et me jette sur le lit. Il prend le bâillon, m’ouvre la bouche et le bloque entre mes dents. Il l’attache tellement serré qu’il me coupe presque. Puis il attache le foulard sur mes yeux. Il me retourne sur le ventre et me place de manière à ce que mes pieds soient près du bout du lit. J’entends le cliquetis des menottes. Il m’attache les pieds de chaque coté du lit, puis me prend les mains et me les lies dans le dos.

 

Luca - Alors ma petite salope, tu te réjouis, hein ?

 

Il me donne un coup de poing dans les côtes. Je gémis de douleur. Il me tire la tête en arrière, toujours en tirant sur mes tresses. Il s’approche de mon oreille

 

Luca - Je suis sûr que tu préfères à sec. Toutes les chiennes dans ton genre préfèrent à sec.

 

Il lance ma tête sur le matelas, et me donne d’autres coups. Puis je le sens pénétrer en moi violemment. J’essaie de hurler, mais le bâillon me permet à peine de respirer et de pousser quelques gémissements.

A chaque va et viens, il se retire presque totalement pour entrer à nouveau en moi encore plus violemment. Mes larmes coulent, qu’importent mes efforts pour les retenir. Quelques gouttes de sang coulent de mon intimité. Il va de plus en plus vite, faisant augmenter la douleur. Le sang coule abondamment maintenant.

La souffrance est telle que je tremble, mes jambes tenant à peine. J’ai la tête qui tourne. Je ne ressens que de la douleur et du désir. Le désir que tout cela finisse, que je puisse prendre une bonne douche, panser mes plaies et, dès qu’il sera arrivé, me blottir dans les bras de mon frère.

Je le sens se retirer. Il fait je ne sais trop quoi avant de détacher les trois paires de menottes mais me laisse le bâillon et le foulard. Je tombe sur le côté. Je l’entends sortir de la maison. J’enlève le foulard et le bâillon. Je me lève difficilement. Je me tiens au mur pour ne pas tomber. Je vais à la salle de bains. Je me lave rapidement. Je retourne dans ma chambre, range le fric dans un tiroir du bureau et vais vers mon lit. J’ai envie de vomir, de disparaître juste pour ne plus souffrir. Je me couche, me glissant sous la couverture couverte de sang. Je ferme les yeux. Je ne veux pas encore pleurer. Je ne sens plus rien, n’entends plus rien, ne vois plus comme si je m’enfonçais dans un lac sombre sans savoir comment nager …

 

 

Je me réveille dans une pièce totalement blanche. Je referme les yeux, la lumière étant aveuglante. J’entends un bip à coté de moi. Et aussi des sanglots. Je laisse mes yeux s’habituer à la lumière, puis les ouvres complètement. Je me sens si faible. Je regarde autour de moi. Qu’est-ce que je fais dans un lit d’hôpital ? Je tourne légèrement la tête. Je vois Bill assis dans un fauteuil, les jambes entourées de ses bras.

 

Tom - B... Bi...Bill.

 

Il lève la tête. Dès qu’il voit que je suis réveillé, il se jette dans mes bras. J’arrive à peine à lever les bras pour le serrer contre moi.

 

Tom - Bill, qu’est-ce … qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Bill - Quand je suis rentré, je suis venu dans ta chambre. Je voulais te parler. Et quand je suis arrivé, je t’ai vu dans ton lit, la couverture et toi-même couverts de sang. J’ai … J’ai paniqué. J’ai essayé de te réveiller, mais tu ne répondais pas. J’ai appelé une ambulance.

 

J’essaye de m’asseoir. Bill me retient. Ma gorge est sèche, j’ai la voix rauque.

 

Bill - Tu dois rester coucher. Les coupures dans ton dos risquent de se rouvrir.

Tom - Les coupures ?

 

Bill n’a pas le temps de répondre. Un médecin ouvre la porte.

 

Dr. Masen - Bonjour Bill. Oh tu es réveillé, Tom. Ça nous fait un poids en moins. Bill doit avoir le dos cassé à force de rester sur ce fauteuil. Même si la nuit il dormait à côté de toi, il doit souffrir.

Tom - Depuis combien de temps suis-je ici ?

Bill - Bientôt cinq jours.

 

Je cligne des yeux d’incompréhension. Cinq jours ?

 

Tom - Tu es resté tout le long ?

 

Je vois Bill baisser la tête. En temps normal, je l’aurais engueulé pour avoir loupé les cours. Mais là, y’a pas de risque. Je vais passer un mauvais quart d’heure quand je devrais lui expliquer pourquoi il m’a retrouvé évanoui sur mon lit. Alors autant ne pas trop l’énerver maintenant. Je lève ma main, attrape son cou et l’attire à moi pour l’embrasser sur la joue.

Le docteur se racle la gorge.

 

Dr. Masen - Tes blessures ne sont pas très graves, tu as juste le corps couvert de bleus.

Tom - Juste couvert de bleus. D’accord. Et ces coupures dans mon dos ? Qu’est-ce que c’est ?

Dr. Masen - Hum … Bill, tu pourrais juste sortir de la chambre un moment s’il te plaît ?

Bill - Mais …

Tom - Non, il peut rester. Je n’ai rien à lui cacher.

 

Je vois son regard furieux. Ce n’est pas vrai bien sûr, mais je vais tout lui dire après.

 

Dr. Masen -  Hum … Quelqu’un doit t’en vouloir. On t’a gravé quelque chose au couteau assez profondément. Mais les plaies étaient propres, et le couteau bien aiguisé, donc elles ne laisseront presque pas de cicatrices.

Tom - Qu’est-ce qu’on m’a gravé ?

 

Il me tend mon dossier. Ils avaient pris une photo. Les plaies sont écartées, mais on peut clairement lire un mot : salope. Je vois marqué dans un coin « Viol ??? ». C’est vrai que, vu de l’extérieur, on pourrait croire à un viol. Je rends le dossier.

 

Tom - Si jamais ce n’est pas ce qui est marqué. Mon copain, enfin mon futur ex-copain, est très jaloux, et en soirée, j’ai dansé avec ma meilleure amie. Et maintenant il m’en veut.

Dr. Masen - Tu n’étais pas censé lire.

Tom - Vous alliez me poser la question, autrement vous n’auriez pas demandé à Bill de sortir. Et quand on ne veut pas que quelqu’un lise ce qu’on a écrit, on ne l’écrit pas en rouge et en énorme sur le coin de la feuille.

Dr. Masen - Tu as raison. Me voilà rassuré … Tu devras rester encore quelques jours ici, mais j’ai autorisé Bill à rester. Bon je vais vous laisser. Bonne journée.

 

Il quitte la pièce. Je soupire. Je vais devoir expliquer à Bill pourquoi je me suis prostitué. Je me rappelle soudain que j’ai parlé d’un copain, alors que Bill n’est pas au courant que je suis bisexuel. Je le regarde, me mordant la lèvre. Il n’a pas l’air trop choqué.

 

Bill - J’étais au courant.

Tom - Tu étais au courant ? Comment ? Et pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?

Bill - Bah je ne trouvais pas super important. Et je l’ai appris quand un certain James a téléphoné à la maison, me demandant si tu avais bien reçu ses fleurs.

Tom - Ah ok.

Bill - Mais il y a quelque chose dont je ne suis pas au courant …

 

Je soupire.

 

Tom - Je vais t’expliquer, et je te promets que plus jamais je ne rentrerais en sang.

Bill - Je peux juste te poser une question avant ?

Tom - Oui, bien sûr.

 

Tout ce qui retardera un peu le sujet principal est le bienvenu.

 

Bill - Je suis allé te chercher des habits hier et j’ai aussi voulu t’amener ton MP3, pour quand tu serais réveillé. Je ne l’ai pas trouvé tout de suite, et j’ai regardé sous ton lit. Et j’ai trouvé ça.

 

Il se lève, va fouiller dans son sac. Il revient vers moi, sans me montrer. Il se rasseye à côté de moi et pose sur mes jambes étendues une des paires de menottes. Je retire ce que j’ai dit, tout n’est pas le bienvenu.

 

Tom - Hum ouais. Alors je t’explique, et tu devineras la raison. Quand maman s’est barrée, elle avait plusieurs mois de loyer impayés. On a failli être mis à la porte. Et avec mon salaire, je n’aurais pas réussi à rembourses les dettes. Même si tu m’avais aidé. Alors j’ai dû trouver un moyen de gagner beaucoup d’argent. Et rapidement.

 

Je commence à pleurer. Bill me prend dans ses bras.

 

Bill - Ok, je ne voyais pas à quel point c’était difficile pour toi. Ce n’est pas grave. Tu me raconteras plus tard.

Tom - Non. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais jamais.

 

J’inspire profondément.

 

Tom - Je ne voulais pas que tu te retrouves à la rue, ou dans un foyer. On aurait été séparés, et ça aurait été de ma faute. Alors … Alors j’ai vendu mon corps. Je me suis prostitué pour qu’on puisse rester ensemble. Je suis la seule famille qu’il te reste et je n’aurais pas supporté de t’abandonner dans un foyer.

 

Je le vois serrer les poings. Ma voix n’est qu’un murmure, les larmes dévalent mes joues.

 

Tom - Et quand les factures ont été payées, j’ai continué, car je voulais t’offrir la meilleure vie possible.

Bill - Tu veux dire que …

 

Il regarde les menottes, prend ma main, et fixe les marques sur mes poignets. Il les caresse, comme s’il voulait les faire disparaître.

 

Tom - Je n’étais qu’un objet pour eux, une sous-merde. Tu ne peux même pas imaginer ce que j’ai subi. Mais je le faisais pour toi. Autrement je n’aurais jamais tenu aussi longtemps.

Bill - Mais … maman s’est barrée il y a quatre ans. Tu veux dire que ça fait quatre ans que tu te prostitue ?

 

Il lève les yeux sur moi. J’hoche la tête.

 

Bill - Je devrais t’en vouloir pour l’avoir fait, et t’insulter pour me l’avoir caché aussi longtemps. Je devrais même te frapper, je pense. Je devrais te frapper, et ne plus jamais te parler. Mais tu l’as fait pour moi. Merci frangin.

 

Il se couche à coté de moi, veillant à ne pas me faire mal. Il lève la tête, embrasse ma joue. Ca fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi proche de mon Billou. La vie va recommencer comme avant.

 

 

 


Un OS yaoi sur la prostitution. Cela fait longtemps que je voulais écrire sur ce sujet, et j'en ai enfin trouvé le temps, et l'envie.

Bonne lecture.

 

 

 

image : prise sur FuckerBerrouz

 

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Jeudi 4 novembre 4 04 /11 /Nov 16:19
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : OS Tokio Hotel

Stéphane - Allez, ça ne peut pas te faire de mal, d’aller la draguer !!

Tom - Stéph, t’es adorable, mais ce n’est pas mon genre.

Stéphane - Vas au moins danser avec elle !

Tom - Tu sais que tu peux être très chiant quand tu t’y mets ?

Stéphane - Oui je sais … Et si c’est pour me faire plaisir ?

 

Il me fait la tête du chat potté. Il sait très bien que normalement, je cède toujours quand il fait ça. Mais pas cette fois. Je n’ai vraiment pas envie d’aller draguer une miss. Je la regarde. Je dois avouer, elle est canon. Enfin, elle. J’ai un doute. Grande, mince. Elle porte un slim et un T-shirt près du corps. Elle n’a quasiment pas de poitrine, mais ce cul ! A faire bander un castrat.

 

Tom - Même pas !

 

Je me lève et me dirige vers les toilettes. Mon cousin commence vraiment à me gonfler. Je sais qu’il ne veut que mon bien, mais son obsession à vouloir me caser avec quelqu’un m’énerve au plus haut point. Je déteste qu’on me force la main.

Je regarde un peu les gens de cette discothèque de Hambourg. Mouais, bof. Y’a quelques beaux mecs, mais la plupart dansent avec des pouffes blondes. Bon, y’a la miss que Stéph m’ordonne d’aller draguer. Mais il a tendance à oublier que je préfère les mecs. Et même sans ça, je ne serais pas aller la draguer. La dernière relation que j’ai eue avec une fille s’est plutôt mal terminée.

Ce n’est pas pour rien que j’ai demandé de faire le bilingue. Je n’en pouvais plus de mon gymnase en Suisse. Et vu que mon cousin est allemand, j’ai fait la demande d’aller chez lui. Vu que je suis bon élève, ils ont accepté. Mais je ne commence que dans une semaine. Donc pour l’instant, on ne fait rien, à part aller à la piscine et sortir le soir.

Je reviens vers Stéph.

 

Stéphane - La miss de tout à l’heure ne fait que te mater.

Tom - Tu dis ça juste pour que j’aille la draguer.

Stéphane - Même pas. Tu n’as qu’à regarder par toi-même.

 

Je me retourne discrètement. Je ne la vois plus sur la piste de danse.

 

Stéphane - La table de droite, idiot.

 

Je regarde dans la direction qu’il m’indique. Je la vois assise seule, un verre devant elle. Je croise son regard. Je détourne les yeux. Effectivement, elle me regarde.

 

Tom - Décidément, ce n’est pas mon genre.

Stéphane - Je ne te crois pas, Tom !

Tom - Stéph, calme-toi ! Pourquoi toi, tu n’irais pas la draguer ?

Stéphane - J’ai une copine, moi !

 

Je le vois sourire en regardant vers la table de la miss. Je jette un coup d’œil. Je ne la vois plus. Elle a dû retourner danser.

 

… - Tu veux danser ?

 

Je la regarde. Je comprends mieux le sourire de Stéphane. Elle est simplement venue à ma table. J’hoche la tête et me lève. On commence à danser. Nos corps sont collés, mon dos contre son torse. Je retiens un rire. Parce que la personne avec laquelle je danse, même si elle est maquillée, est un mec. J’avais de légers doutes avant. Mais là, ayant son bassin collé à moi, aucun doute n’est possible. Ses mains sont sur mes hanches, dérivent sur le haut de mes cuisses. Je me baisse de plus en plus puis remonte, en rythme avec la musique. On danse sans se soucier des personnes autour, du temps qui passe. On se chauffe, on s’amuse. Il me tire jusqu’à sa table. Il se laisse tomber sur le canapé, me tirant par le T-shirt pour que je m’asseye sur lui.

Ses lèvres butinent mon cou, ma mâchoire, puis viennent se poser sur mes lèvres. Il entrouvre la bouche alors que je passe ma langue sur sa lèvre inférieure. Sa langue vient caresser la mienne. Le baiser devient passionné. Il me repousse et me fait me lever. Il me prend la main et me tire vers le bar.

 

Tom - Attends, je dois dire quelque chose à mon pote.

 

Je vais vite vers la table de Stéphane.

 

Tom - Hé, Stéph, merci de m’avoir dit d’aller le draguer, je te revaudrais ça. Ne m’attends pas pour rentrer.

Stéphane - Ok ça marche, je te vois demain alors.

Tom - Bye, encore merci

 

Je rejoins ... d’ailleurs je ne sais toujours pas son nom. Il me reprend la main et passe derrière le bar. Le serveur nous interpelle.

 

Serveur - Hé, c’est interdit ici ! … Oh pardon Berlin, je ne t’ai pas reconnu

Berlin - Jeff, ca devient de pire en pire. Tu me passes mes clés ?

 

Jeff lui lance ses clés, et Berlin me traîne par une porte dissimulée dans le mur.

 

Tom - Berlin ? Original comme prénom

Berlin - C’est mon deuxième prénom en fait. Mais je préfère qu’on m’appelle comme ça. Et toi ?

Tom - Je m’appelle Thomas, mais je préfère Tom.

Berlin - Ton ami ne va pas m’en vouloir de te garder ?

Tom - Non. En fait, c’est mon cousin. Je vais habiter chez lui cette année. Et je l’ai prévenu de pas m’attendre. Mais il faut quand même que je rentre demain.

Berlin - Ca nous laisse toute la nuit.

 

Il me fait passer par une série de couloirs. On arrive enfin à une chambre. Berlin ferme la porte.

 

Tom - A qui est cette chambre ?

Berlin - C’est la mienne. Mon père est le propriétaire de la discothèque, et sa maison est juste à coté.

Tom - C’est sympa.

Berlin - Merci

 

Après avoir posé son natel sur le bureau, il se rapproche de moi. Je me recule, jusqu’à être collé à la porte. Je pose ma main sur sa joue et l’attire à moi. Nos lèvres se joignent en un baiser passionné. Berlin me soulève et je m’accroche à sa taille avec mes jambes. Il se colle encore plus à moi. Ses mains sont sur mes fesses, pour me soutenir. Il nous décolle de la porte et nous amène sur le lit. Le baiser vit toujours. Son piercing à la langue me donne des frissons. Il se sépare de moi et se relève. Il passe ses mains sous mon T-shirt pour me l’enlever puis retire le sien. Il revient m’embrasser, me caressant par-dessus mon jean. Il décroche mon jean et le fait glisser le long de mes jambes en même temps que mon boxer. Il se retrouve debout au bout du lit. Il enlève son jean et son boxer.

 

Berlin - Un petit show, ça te dit ?

Tom - Avec plaisir.

 

Il enclenche la musique. Il monte sur le lit, debout juste au dessus de mon torse. Il commence à danser. Son corps ondule de plus en plus bas. Il se retrouve accroupi. Il se relève puis redescend plusieurs fois. Il se retourne puis continue ses mouvements. A chaque fois qu’il est accroupi au-dessus de moi, il caresse mon sexe dressé. D’abord du bout des doigts, puis plus franchement. Il finit par s’agenouiller. Il fait passer sa langue sur mon sexe. Je ne peux m’empêcher de le caresser avec ma main. Je soulève la tête et le prends en bouche. Il ne s’y attendait pas, car il arrête ses coups de langue pendant quelques secondes puis les recommence. J’essaie de retenir mes gémissements au maximum, jusqu’au moment où son piercing se pose sur mon gland. Je lâche son sexe et ma tête part en arrière. Je gémis sans retenue. Il me lâche et se met face à moi. Il tend la main vers la table de nuit, et ouvre le tiroir pour sortir un préservatif et du lubrifiant. Je le pousse pour qu’il soit sur le dos, mais il reste à genoux. Je prends la capote, l’ouvre et la pose sur le sexe de Berlin. Je me baisse et le déroule avec mes lèvres en le fixant dans les yeux. Il se mord la lèvre. Je remonte un peu et va retracer les contours de l’étoile qui orne son aine avec ma langue tandis que j’étale du lubrifiant sur son sexe. Je me retourne et me mets à quatre pattes.

 

Berlin - Hum j’aime !

 

Il se rapproche de moi, pose ses mains sur mes hanches. Il s’enfonce en moi lentement.

 

Tom - Humm …

 

Il me caresse pour que je me détende. Il fait de légers mouvements en moi. Je ne ressens presque aucune douleur. Il bouge de plus en plus en moi. Ses vas et viens sont de plus en plus rapides. Nos gémissements emplissent l’air.

 

Tom - Han Berlin …

 

 

Je me réveille difficilement. Quelle nuit ! Je ne serais pas encore dans sa chambre, que je me demanderais si c’était réel. Je me lève et me dirige vers la porte qui je pense donne accès à la salle de bains. Je l’ouvre et me dirige vers le robinet. Je bois un peu puis relève la tête. Je vois un message et un plan écrits sur le miroir, sûrement écrit au crayon.

 

« Repasse demain. Même table.

   B. »

 

Le plan me sera utile, c’est un véritable labyrinthe. Je le mémorise vite fait et retourne dans la chambre. Je m’habille, prend mon natel et sort. Je regarde l’heure. Il n’y a pas de bus avant une demi-heure et je n’ai pas envie d’attendre. Je déverrouille mon natel pour téléphoner à Stéphane.  Je vais dans le répertoire mais le quitte rapidement. C’est quoi ce fond d’écran ? Berlin, un doigt coincé entre les dents, lançant un regard plus que sexy. Je souris. J’appelle enfin Stéphane.

 

Stéphane - Yop !

Tom - Ciao. Y’a moyen qu’on vienne me chercher ?

Stéphane - T’es où ?

Tom - Devant la discothèque.

Stéphane - Ok j’arrive.

 

Je raccroche et regarde à nouveau mon fond d’écran. Je m’appuie contre le mur pour attendre. A peine 5 minutes plus tard, je vois une moto ralentir et entrer sur le parking. Elle vient s’arrêter devant moi. Le conducteur lève sa visière.

 

Stéphane - Y’a ta veste et ton casque dans le top-case.

 

Je la sors, l’enfile et prend mon casque.

 

Stéphane - Alors ta nuit ?

Tom - Je te raconte plus tard. Je veux manger quelque chose d’abord.

Stéphane - OK. Je propose qu’on s’arrête à la boulangerie prendre des croissants au jambon. Mais je veux les détails !

Tom - Ca marche !

 

 

Stéphane - Alors que s’est-il passé avec … Tu m’as dit son nom en fait ?

Tom - Non, je ne te l’ai pas dit. Il s’appelle Berlin et il s’est passé ce qu’il devait se passer.

Stéphane - Berlin ? Bon d’accord. C’était bien ?

Tom - Tu n’imagines même pas à quel point. Une des meilleures nuits que j’ai passé.

Stéphane - Et tu vas le revoir ?

Tom - Il m’a donné rendez-vous ce soir à la même table.

Stéphane - C’est cool.

 

Mon natel vibre. Un message de ma mère. Soudain Stéphane prit mon natel.

 

Tom - Passe, ce n’est qu’un message de ma mère.

Stéphane - Ce n’est pas ça qui m’intéresse. C’est ton fond d’écran. Très jolie photo.

Tom - C’est lui qui l’a prise. Je ne l’ai vu que ce matin quand je t’ai appelé.

Stéphane - Mouais. Bon, je vais me poser sur un transat.

Tom - Je te rejoins tout de suite, je réponds juste à ma mère.

 

 

Nous sommes devant la discothèque. Je regarde la porte par laquelle je suis sorti ce matin. Et si ? Non, il m’a donné rendez-vous à la table. Je suis excité comme une puce de le revoir, c’en est ridicule.

 

Stéphane - Bon, calme-toi un peu. Ça fait pitié.

 

On entre enfin. On arrive à aller à la même table qu’on était hier. Je ne cesse de tourner la tête dans toutes les directions.

 

Stéphane - Putin mais déstresse ! Il va venir. En attendant, je vais chercher à boire.

Tom - Hum … Non ! Je vais y aller.

Stéphane - D’accord, si tu veux.

 

Je me lève et me dirige vers le bar. Il y a déjà une bonne ambiance, même s’il est encore tôt. Je vois le barman d’hier, Jeff. Je me dirige vers lui.

 

Tom - Salut.

Jeff - Tu n’étais pas avec Berlin hier ?

Tom - Oui. D’ailleurs tu sais où il est ? Il m’a donné rendez-vous, mais je ne le vois pas.

Jeff - Non je ne sais pas. Attends, je demande.

Tom - Merci.

 

Il appelle l’autre barman.

 

Jeff - Hé John, il est où Berlin ?

John - Il n’est pas là de toute la semaine, sa mère est venue le chercher sans prévenir. Ca fait à peine une semaine qu’il est arrivé, et sa mère vient déjà le prendre en week-end. Je le plains.

Jeff - J’suis vraiment désolé pour toi.

Tom - Ce n’est pas grave.

Jeff - En attendant, je te sers quoi ?

Tom - un Malibu-ananas et un rhum-coca.

 

Il sert les verres. Je lui tends l’argent.

 

Jeff - Laisse tomber, c’est pour compenser le lapin que Berlin t’a posé.

Tom - Merci.

Jeff - De rien. C’est Berlin qui taxera. Ca lui apprendra.

 

Je retourne à ma table avec les verres.

 

Stéphane - Pourquoi tu as mis autant de temps ?

Tom - J’ai demandé au barman s’il savait où était Berlin. Sa mère est venue le chercher sans prévenir pour une semaine.

Stéphane - Oh merde ! Je suis vraiment désolé pour toi.

Tom - Tant pis. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais rentrer assez tôt.

Stéphane - T’inquiètes, je comprends. Promis, on reviendra en soirée jusqu’à ce que tu le revoies. On finit nos verres et on rentre.

Tom - Merci.

 

 

On est mardi. Je commence les cours aujourd’hui. Je me réveille lentement quelques minutes avant mon réveil. Je prends mon natel dans ma main, et regarde le fond d’écran. Allez, plus que quelques jours et nous pourrons retourner à la discothèque. Je pourrais le revoir. Je me douche rapidement et m’habille. Un baggy, un T-shirt et une casquette assortis. Je descends à la cuisine pour boire un truc. Stéphane est déjà en bas.

 

Stéphane - La forme ?

Tom - Ouais ça va. Tête dans le cul mais bon.

Stéphane - J’ai fait du café.

Tom - T’es le meilleur cousin du monde, quand tu n’essaies pas de me caser avec la première personne qui passe.

Stéphane - Tu es quand même bien content que j’ai insisté pour Berlin.

Tom - C’est vrai.

 

Je prends la tasse que Stéphane me tend et la bois. Ca fait un bien fou. Le gymnase n’est pas loin. On y va à pied, en papotant tranquillement. On arrive devant l’amphithéâtre. Le discours de début d’année. Le truc le plus barbant qui existe. Quand il a fini, Stéph me traîne jusque dans notre salle.

 

Tom - Je pense que je suis le seul nouveau ?

Stéphane - Non, vous serez deux. Mais il n’est pas là pour le moment. C’est classe d’arriver en retard le premier jour.

 

La prof arrive et fait l’appel. Elle nous distribue quelques papiers, comme les règles du gymnase.

 

La prof - Bon, Stéphane. Je vous laisse montrer le gymnase à votre cousin. Vous pouvez aussi vous occuper de Mr Kaulitz quand il arrivera ?

Stéphane - Bien sûr madame.

 

Elle file à Stéphane les papiers pour le nouveau et nous laisse sortir. Elle est censée nous garder tout le matin et nous lire en détail le livret qu’on a reçu, mais elle sait très bien qu’il ne faut pas trop nous en demander. On va se poser sur une des tables qui servent pour manger. Je suis dos à la cour principale, les jambes tendues devant moi. A cette heure c’est désert. On parle un bon moment puis Stéphane décide d’aller chercher un truc à boire au distributeur. Je sens une main se poser sur mes yeux. J’essaie de la retirer.

 

Tom - Stéph, t’es chiant ! Lâche-moi !

… - Arrêtes de bouger. Laisse-toi faire.

 

Cette voix … Elle ressemble celle de … Non je me fais des films. Elle est légèrement trop grave et trop rauque.  

 

… - Garde tes yeux fermés, d’accord ?

 

Je hoche la tête. Je sens la main s’enlever puis quelqu’un s’asseoir sur mes cuisses. Sa bouche vient butiner mon cou puis se poser sur la mienne. Le baiser est passionné. Je me laisse partir en arrière sur la table. Je me sépare de lui.

 

Tom - Si tu crois que je ne t’ai pas reconnu rien qu’à ton parfum, Berlin. Je peux ouvrir les yeux ?

 

Je l’entends rire. J’ouvre les yeux. Il est tellement beau.

 

Tom - En fait, qu’est-ce que tu fais là ?

Berlin - Je peux partir si tu veux.

Tom - Non, non. Je voulais dire, comment ça se fait que tu sois ici, au gymnase ?

Berlin - J’étais censé avoir les cours ce matin, mais je n’ai pas trouvé la salle. Et je t’ai vu.

Tom - Tu es dans quelle classe ?

Berlin - Je devais aller dans la salle 2.12.

 

Il est dans ma classe. J’éclate de rire. Je l’attire à moi pour l’embrasser.

 

Stéphane - Je vois que tu t’habitues bien au gymnase, Tom.

 

Berlin se recule précipitamment.

 

Tom - Très bien, ne t’inquiètes pas pour moi. D’ailleurs je te présente Bill Berlin Kaulitz.

Berlin - Comment tu sais mon nom complet ?

Tom - Je suis en classe avec Stéphane. Vu que c’est mon cousin, il a été désigné pour me montrer le gymnase, ainsi qu’à un certain Bill Kaulitz, arrivé en retard. Et on était en salle 2.12.

Stéphane - Ah ok. Bon bah je vous laisse. Vous me rejoignez à la cafétéria vers midi. Je vous garde une place.

Tom - Ok merci.

 

Il pose les bouteilles sur le banc et repart.

 

Berlin - Vu que tu connais un peu mieux le gymnase que moi, tu ne connaîtrais pas un endroit où on peut être que tous les deux ?

Tom - On est la seule classe à avoir été libérés. Donc ce sera facile.

Berlin - Vraiment tous seuls, je veux dire. Vu qu’on a deux heures devant nous.

Tom - Alors attends.

 

Je sors mon natel et appelle Stéphane.

 

Stéphane - Toi, tu as quelque chose à me demander.

Tom - Ouaip. Tata est à la maison ?

Stéphane - La maison est vide. Pourquoi ?

Tom - J’ai vraiment besoin de te faire un dessin ?

Stéphane - Non c’est bon. Bon bah je vous rejoindrais et amènerais Mc Do vers 12h30. Ca va ?

Tom - oui. Je t’ai déjà dit que tu étais le meilleur cousin du monde ?

Stéphane - Je crois. Tu demandes à Berlin ce qu’il veut et tu m’envoie un sms.

Tom - OK à toute.

 

Je demande à Berlin ce qu’il veut puis envoie un message à Stéphane.

 

Tom - Allez, lève-toi. J’ai l’endroit parfait.

 

On se lève et prenons la direction de chez Stéphane. Sans que je m’y attende, il glisse sa main dans la mienne. On arrive peu de temps après. Dès qu’on passe la porte, il m’enlève ma veste et se débarrasse de la sienne. Il attrape mon T-shirt et m’attire à lui. Je le prends par la main et monte les escaliers jusqu’à ma chambre. Je referme à peine la porte derrière nous qu’il se jette sur moi. Je ne sais pas si on atteindra le lit cette fois …

 


 

 image prise sur : Allegator

 

 

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Dimanche 28 novembre 7 28 /11 /Nov 16:21
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : OS Tokio Hotel

Sylvie - Chéri, viens voir s’il te plaît.
Bill - Ca risque d’être compliqué de venir voir, mais je peux venir vers toi.

Je pose mon livre et me lève du canapé. Je vais lentement à la cuisine où ma mère est en train de cuisiner.

Bill - M’man tu m’aides un peu ?
Sylvie - Pardon mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment tu peux plaisanter là-dessus.
Bill - Je préfère ne pas me formaliser sur ce détail.
Sylvie - Un détail ? Mais Bill, tu es …
Bill - Maman.

Je fixe mes yeux sur elle.

Bill - Je veux vivre une vie la plus normale possible, malgré mon handicap. Et ce n’est pas en me focalisant dessus que je pourrais le faire.

Elle se poste en face de moi.


Sylvie - Mais Bill, tu es aveugle ! Ce n’est pas comme si tu avais un bras paralysé. Tu es aveugle !

Bill - Tu crois que je ne le sais pas !! Je donnerais tout pour revoir un coucher de soleil, pouvoir lire un vrai livre ou une bande dessinée. Ou rien que de voir mon reflet dans un miroir. Ca me tue de ne rien pouvoir faire normalement. Mais je n’ai pas le choix. Alors je fais avec. Ca fait 12 ans maintenant. Je m’y suis habitué.
Sylvie - Je sais mais …

Je m’avance vers elle et la prend dans mes bras.


Bill - Papa me manque autant qu'à toi. Mais si je suis aveugle maintenant, s'il est mort ce jour-là, ce n'est pas pour rien. Il y a une raison. J'en suis persuadé.
Sylvie - Merci, mon chéri.
Bill - je te laisse finir de préparer le ragout au paprika.

Maman rigole. Ne voyant que les différences de lumière, mes autres sens se sont développés. Elle est toujours étonnée que j'arrive à dire ce qu'elle cuisine. Je l'embrasse sur la tête et sort de la cuisine. J'allais retourner m'installer sur le canapé pour lire mais m'arrête dans le corridor.

Bill - Maman, il fait chaud dehors ?

Sylvie - oui.
Bill - Alors je suis dehors.

Je ne dirige vers la porte d’entrée et sort. Je sens le soleil sur moi. Je m'installe sur le perron, appuyé à la rambarde des marches et ferme les yeux. Je repense à l'accident. Ça s'est passé il y a un peu plus de douze ans, mais j'ai l'impression que ça s'est passé hier.

J'étais assis sur la banquette arrière de la voiture. Mon père était venu me chercher à l'école. On était arrêtés à un feu. Je racontais ma journée. Quand le feu est passé au vert, mon père a avancé. Mais une camionnette a déboulé de la gauche et percuté notre voiture, en plein dans la portière avant coté conducteur. Quand ma mère est venu à l'hôpital, elle a appris que j'avais perdu la vue et un père, et elle un mari. J'avais huit ans quand c'est arrivé. Ma mère s'est toujours occupée de moi.
Après un moment, j'entends des pas derrière la porte. Je me lève et me dirige vers le bruit. J'ouvre la porte juste avant ma mère. Je la suis jusqu'à la cuisine. Elle fait tinter mes services pour que je puisse m'installer. C'est une des habitudes qu'on a, comme celle qu'elle a de me parler pour que je sache exactement où elle est. Je commence à manger.

Sylvie - Je vais faire les courses cet après-midi. Tu veux venir ?

Bill - Si tu me retrouve mes lunettes de soleil. Je ne sais plus où elles sont.

Je n'aime pas trop sortir sans mes lunettes. Car mes yeux sont comme laiteux, c'est assez bizarre. Et j'ai assez souvent des vaisseaux qui explosent, ce qui fait qu'on dirait que je suis possédé. On finit de manger puis ma mère va à la recherche de mes lunettes tandis que je vais lire un peu. Elle redescend et nous nous préparons. J'enfile mes lunettes et tend la main pour que maman me guide jusqu'à la voiture. Nous arrivons rapidement au magasin. Nous prenons un caddie. Je m'occupe de le pousser et maman le guide. A chaque rayon, elle me demande si j'ai besoin de quelque chose. Elle se rend soudain compte qu'elle a oublié de prendre de l'huile.

Sylvie - je reviens vite, j'en ai pour une minute.

Je déteste rester seul dans un rayon, même si je connais le magasin par cœur. Par exemple je sais que dans le rayon où je suis, si je recule de trois pas, je serais contre une colonne. D'ailleurs c'est ce que j'ai fait. Mais je n'ai pas remarqué la personne qui s'était faufilée derrière moi pour prendre un shampooing. Pour une fois je n'ai rien entendu. Quand j'ai reculé, je l'ai percuté. La bouteille de shampooing est tombée par terre.


... - Fais chier !

Bill - Désolé, je n'ai pas fait exprès.
... - J'espère bien. Putin mais tu ne pouvais pas faire attention ?
Bill - J'aimerais bien, crois moi.
... - Expliques-moi pourquoi tu ne pouvais pas regarder derrière toi avant de reculer, alors !

Je m'étais tourné vers lui, m'orientant au son de sa voix. Il a d'ailleurs une très belle voix, même teintée de colère comme maintenant. J'ai levé mes lunettes et les a posé sur ma tête.

Bill - Peut-être parce que je suis aveugle. Et que j'ai l'habitude de me fier à mon ouïe. Mais tu n'as pas fait de bruit en arrivant.

... - Désolé, mec. Si j'avais su ...
Bill - Y'a pas de problème. Tu ne pouvais pas savoir.
... - Bon je dois y aller. Encore désolé.

Cette fois j'entends ses pas s'éloigner. Je remets mes lunettes et recule pour enfin m'appuyer. Maman arrive quelques minutes plus tard. Je la taquine sur la durée d'une minute pour elle puis nous allons à la caisse. Maman paye les achats puis nous allons à la voiture. Elle range les commissions dans le coffre.
Dès notre retour, je vais me chercher un verre d'eau.

Sylvie - Tu as du courrier, poussin.
Bill - C'est le centre ?
Sylvie - Oui. Le nouveau journal et une lettre. Tiens.

Je m'empare des papiers. Ils me sont envoyés par un centre d'accueil pour personnes sourdes, muettes ou aveugles. Il y a des réunions toutes les deux semaines. C'est parfois un peu difficile, quand on est seul. Je lis le journal. Il est toujours édité en 2 versions, en braille et en version audio, et quand on y va pour la première fois, ils demandent sous quel format on le veut chez soi.

Je trouve l'article que je cherchais, la prochaine activité pour adolescents. Enfin, il y a principalement des ados. Ils en avaient parlé à la dernière réunion. Ils prévoyaient de faire une activité pour que les adolescents sans handicap sachent ce que l'on vit. Je trouve que c'est une bonne idée. On peut s'inscrire pour animer les différentes choses. Je prends la lettre. Elle a été écrite par un de mes amis du centre. Il a l'intention de faire animateur de l'activité et me propose de m'y inscrire.
 
Bill - Maman !

Sylvie - Quoi ?
Bill - Je peux m'inscrire à l'activité découverte du centre ?
Sylvie - C'est quoi exactement ?
Bill - En fait c'est pour que les adolescents sans handicap découvrent comment on vit. Ils sont accueillis au centre et il y a des activités différentes chaque jour. On peut aussi accueillir quelqu’un chez soi.
Sylvie - C’est cool. Tu veux t’inscrire pour le centre ou accueillir quelqu’un ici ?

Bill - Comme tu veux.
Sylvie - Bah inscris-toi pour le centre, et si tu aimes, on prendra quelqu’un.
Bill - Merci !

C’est trop cool. Je vais chercher mon matériel pour écrire et rédige la réponse. Ma mère la postera demain.



C’est le premier jour de l’activité découverte. Je suis au centre de la pièce et je parle avec mes amis. Les personnes participantes ne sont pas encore arrivées. J’espère que tout va se passer à merveille. Je me réjouis vraiment. Charles, l’organisateur en chef, nous explique les derniers détails. J’entends le groupe arriver. Je me retourne en direction du bruit de leur pas. J’ai laissé mes lunettes. J’ai un vaisseau qui a éclaté ce matin et mon œil droit est encore injecté de sang. Je les enlèverais peut-être plus tard. Charles explique le programme au groupe, puis dit à chacun des animateurs, dont moi, qui l’accompagnera. J’ai un dénommé Tom qui passera la journée avec moi.

Bill - Je prends la salle 2.
Jeff - J’avais dit que je la prenais ! Tu fais chier !
Bill - Je l’aurais avant toi. Tu le sais très bien. Si tu veux on fait la course.

Tom s’était avancé. Il était assez silencieux, mais je sentais les effluves de son parfum.

Bill - Viens.

J’avance assez rapidement, lui montrant les différentes pièces. Il n’a pas encore prononcé un mot. Ce qui est assez bizarre. Nous arrivons enfin dans la salle 2. C’est une des plus grandes, et surtout la seule équipée d’un piano. Je m’installe sur le tabouret devant l’instrument

Bill - C’est bizarre. D’habitude, ceux qui ont un parfum comme le tien sont moins timides.
Tom - Ce n’est pas la timidité, je suis impressionné. C’est tout.
Bill - Par quoi ?
Tom - Ton naturel. Ca fait tellement bizarre.
Bill - Tout le monde est comme ça ici. On nous a toujours dit que notre handicap ne devait pas nous empêcher de vivre. Que si on voulait faire quelque chose, il fallait tout tenter pour y arriver. Et ca fait tellement longtemps. Je me sentirais désorienté si je voyais de nouveau.
Tom - Tu laisses toujours tes lunettes ?
Bill - Non. Chez moi, je ne les porte jamais. Mais quand je sors, je préfère les porter.
Tom - Pourquoi ?
Bill - Je te préviens, c’est très bizarre.

J’enlève mes lunettes.

Tom - C’est effectivement très bizarre. Mais mis à part ça tu as des yeux magnifiques. C’est dommage de les cacher.
Bill - Merci, même si je ne sais pas vraiment à quoi ils ressemblent. Je sais qu’ils sont bruns, mais après.
Tom - Je dirais plutôt noisette. Avec un reflet un peu chocolat.

Je me sens rougir. Je tourne la tête vers le piano.

Tom - Alors, quel est le programme aujourd’hui ?
Bill - On va commencer par quelques petits jeux, pour que tu voies un peu comment j’arrive à me déplacer.
Tom - Cool, et après ?
Bill - Suivant l’heure on ira manger, et ensuite on verra.

Je me lève du tabouret.

Tom - Tu as besoin d’aide ?
Bill - Non, il faut juste que tu parles, pour que je sache où tu es.
Tom - Et qu’est ce que je dois dire ?
Bill - Ce que tu veux. Bah parle-moi de toi, comme ça on apprendra à se connaitre.
Tom - OK. Alors j’ai vingt ans, j’ai un petit frère de dix ans. Je m’habille en rappeur mais j’écoute plutôt du rock, et je fais de la guitare électrique.
Bill - Tu mesures combien ?
Tom - Hum … un mètre huitante-trois, quelque chose comme ça. Pourquoi ?

J’étais arrivé devant lui. Je sors un foulard de ma poche.

Bill - C’est pour t’attacher ça.

Je pose ma main sur son épaule. J’ai visé un tout petit peu trop bas. Je remonte ma main le long de son cou jusqu’à sa tempe. J’attache le foulard bien serré.

Bill - Tu vois quelque chose ?
Tom - Strictement rien du tout.
Bill - Parfait. On va faire un tour de salle pour que tu t’habitues, et après on va voir si tu arrives à me rejoindre sans problème.

Je lui prends la main pour l’aider. Après un moment il y arrive sans problème.

Bill - Tu te débrouilles vraiment bien. Tu as un natel ?

Il me passe son natel. Je vais le poser sur les chaises collées au mur et reviens vers lui.

Bill - Maintenant va chercher ton natel. Il est sur les chaises.

Je l’entends tapoter les chaises pour retrouver son natel. Pendant ce temps, je vais derrière le piano.

Tom - Et voilà.
Bill - Bien joué. On va compliquer un peu. Essaie de venir vers moi rien qu’en écoutant ma voix, comme j’ai fait avant. Tu es prêt ?
Tom - Oui
Bill - Alors. J’ai vingt ans, je suis aveugle depuis mes huit ans. Je suis fils unique, et je vis seul avec ma mère. J’adore le Nutella et chanter. J’aime bien jouer du piano, aussi. Si je revois un jour, j’irais au cinéma, ensuite j’irais faire les boutiques, puis m’acheter un vrai livre, m’installer dans un parc jusqu’au coucher du soleil. Ahh !

Tom m’a pris par la taille. Il me soulève et me fait tourner. Je gueule pour qu’il me repose. Mes pieds touchent finalement le sol. Je me retourne et le pointe du doigt.

Bill - Premièrement, si tu me refais ça je te massacre. Et deuxièmement, ce n’est pas bien de tricher, rien que pour me surprendre.
Tom - Pour le point un, ok je note. Mais je n’ai pas triché.
Bill - Je suis sur que tu as triché. Tu as été trop discret.
Tom -  Tu m’as déjà dit que je marchais silencieusement l’autre jour au supermarché.
Bill - C’étai toi ?
Tom - Oui. Mais je vais te prouver que je n’ai pas triché.

Il me prend la main et la pose sur sa joue, de manière à ce que je sente le foulard. Je dois avouer, le foulard n’aurait pas pu être aussi serré s’il l’avait déplacé. Je le fait glisser pour qu’il soit autour de son cou. Je pose sa main sur sa joue. On se rapproche de plus en plus. Je sens son souffle sur mes lèvres.

Jeff - Bill, vous êtes encore là avec Tom ?

Je me recule légèrement.

Bill - Oui. Pourquoi ?
Jeff - Le repas va être servi.
Bill - Ok on arrive.

Nous sortons de la salle. Je remets mes lunettes avant d’arriver dans la salle à manger. Je vais à ma place habituelle, à coté de Charles, et Tom s’installe en face de moi. J’entends plusieurs fois un petit rire de Charles, mais je ne sais pas pourquoi. Quand on a fini, on se redirige vers la salle.

Bill - Je dois juste aller demander un truc à Charles. Je te rejoins dans la salle.
Tom - Ok.

Je repars en direction de la salle à manger puis vais à la cuisine.

Bill - Charles, tu es là ?
Charles - Ouaip.
Bill - Je voulais savoir, est-ce que tout le monde est accueilli, ou il y manque des places ?
Charles - Il manque quelques places. Pourquoi ?
Bill - Comme ça. J’accueillerais Tom.
Charles - Sylvie est d’accord ?
Bill - C’est elle qui m’a proposé, en fait.
Charles - Ok. Autre chose ?
Bill - Oui. Pourquoi tu rigolais pendant le repas ?
Charles - Je pensais avoir été discret. Juste un truc que toi tu n’as pas pu remarquer.
Bill - T’es vraiment salaud sur ce coup. En dire un minimum pour me foutre la migraine, c’est vraiment petit.
Charles - Pauvre chouchou.

Je retourne dans la salle. J’entends Jeff supplier Tom de lui laisser la salle.

Tom - Non. Bill m’a dit de l’attendre ici. Je reste ici. Tu lui demanderas toi-même si tu peux l’avoir quand il arrivera. Mais je ne pense pas qu’il sera d’accord. Il m’a promis de me jouer un morceau de piano.
Jeff - Mais en attendant qu’il revienne, tu pourrais me la laisser.
Tom - Je pourrais. Mais vu qu’il est juste derrière toi, ça ne sert à rien.
Bill - Je t’avais dit que je l’aurais.
Jeff - Oui je sais. Mais au moins, j’ai essayé. Tant pis. A plus tard.

Il sort de la salle.

Bill - Je savais qu’il allait essayer après manger.
Tom - Moi non plus ça ne m’a pas étonné.
Bill - Par contre, je ne sais pas comment tu as fait.
Tom - De quoi ?
Bill - Pour lui mentir. Quand on ment, ça s’entend dans la voix. Comme les émotions qu’une personne ressent. Donc c’est assez facile de savoir. Et là, il n’a même pas tilté quand tu lui as dit que j’allais te jouer un morceau de piano. Alors que je n’en joue jamais devant quelqu’un, sauf ma mère et Charles.
Tom - J’ai eu de la chance. Ma mère me dit toujours que je ne sais pas mentir.

Je m’approche du piano. J’ai envie de jouer un morceau. Je m’installe sur le tabouret et soulève le couvercle.

Tom - Si tu veux jouer, je peux sortir un moment.
Bill - Non c’est bon. Tu peux rester. Mais ça fait longtemps que je n’ai pas jouer. Donc ça risque de ne pas être top.
Tom - Ce n’est pas grave. Mais tu n’es pas obligé.
Bill - Ne t’inquiète pas. J’en ai envie.

Je joue quelques notes, pour repérer les touches, puis commence à jouer. River Flows In You de Yiruma. C’est une des plus belles musiques que je connaisse. Je pourrais l’écouter en boucle. Je retiens mes larmes. Mon père l’écoutait souvent.

A la fin de la chanson, Tom vient me prendre dans ses bras et pose sa tête sur mon épaule. Je sens une larme atterrir dans mon cou. Nous ne parlons pas. Nous n’en avons pas besoin.



Cela fait deux semaines que l’activité découverte s’est terminée. J’ai passé toute la semaine à rigoler avec Tom. Il me manque. Je me suis attaché à lui. Normalement, je le revois bientôt, si Charles n’a pas oublié de m’inscrire pour la suite de l’activité.

Sylvie - Billou, tu as du courrier.
Bill - C’est quoi ? Un message du centre ?
Sylvie - une lettre. Mais ça ne vient pas du centre.
Bill - Alors je risque d’avoir besoin de ton aide.

Bizarre. Il n’y a que les membres du centre qui m’envoie des lettres normalement, et il y a toujours le signe du centre. Je l’ouvre. Je passe ma main sur la feuille.

Bill - C’est bon, c’est du braille.
Sylvie - Ok. Je suis dans ma chambre si jamais.

Je commence à lire. La personne qui l’a écrite ne doit pas être habituée, car elle est écrite « à l’envers ». Je dois donc lire depuis le dessous de la feuille, mais ca ne me gênes pas plus que ça.

« Hello Bill.

 

Desole de ne pas t’avoir ecrit avant mais j’ai mis un moment a comprendre comment ecrire en braille. D’ailleurs je n’ai pas encore tout compris.
J’ai appris un truc trop cool. Pour la suite de l’activite découverte, je viens chez toi. Tu ne m’avais pas dit que tu n’etais pas inscrit ?
Je dois venir lundi chez toi. J’arriverais vers midi normalement. Je me rejouis tellement, t’imagine meme pas.
Bye a lundi
Bisous
                                             Tom. »

Je monte jusqu’à la chambre de ma mère.

Bill - M’man ?
Sylvie - Ouaip ?
Bill - Il viendra à partir de lundi, et arrivera vers midi.
Sylvie - Ok. Je préparerais un lit dans ta chambre.
Bill - Merci.

Je vais l’embrasser sur la joue puis redescend pour finir mon livre.



Je suis appuyé contre le montant de la porte de la cuisine. Maman est en train de cuisiner des lasagnes pour l’arrivée de Tom.

Bill - Il est quelle heure ?
Sylvie - A peine 5 minutes de plus que la dernière fois que tu m’as demandé, c'est-à-dire midi et 3 minutes. Arrête de stresser pour rien.
Bill - Je ne stresse pas.
Sylvie - Et ton pied qui bat le tempo, ce n’est pas du stress ?
Bill - Pff.

Je vais au salon. Je n’ai même pas le temps de m’asseoir qu’on frappe à la porte.

Bill - J’arrive !

Je vais ouvrir la porte.

Tom - Hello !
Bill - Tom !

Je me jette dans ses bras. Il ne s’y attendait pas, vu qu’il doit faire un pas en arrière pour ne pas tomber. J’entends sa valise tomber au sol. Il me sert contre lui.

Tom - Je t’ai manqué autant que ça ?
Bill - Oui affreusement.
Tom - Toi aussi tu m’as manqué.

Il m’embrasse sur la joue.

Bill - Viens je vais te présenter ma mère.
Tom - Attends je prends ma valise.

Je le tire par la main. Il laisse sa valise dans l’entrée et pousse la porte. Je l’entends claquer.

Tom - Bill, je suis là toute la semaine, ca ne sert à rien de courir.

Il me suit en rigolant. On arrive à la cuisine.

Tom - Bonjour. Je suis Tom.
Sylvie - Enchantée, je suis la mère de Bill. J’ai beaucoup entendu parler de toi.
Tom - Ah bon ?
Sylvie - Il n’a pas arrêté. C’était Tom est ci, Tom est ça. Toutes les deux semaines.
Bill - Maman !!

Je rougis.

Bill - Puisque que c’est comme ça, je vais déjà monter ta valise.

Je sors de la cuisine, prend la valise.

Bill - Putin elle est légère !
Tom - Tu trouves ?
Bill - Bah oui. Moi ça me fais à peine un week-end, une valise de ce poids là.

Je la pose dans ma chambre. J’entends Tom me rejoindre.

Bill - Je te laisse mon lit, je dormirais sur le matelas.
Tom - J’adore dormir sur les matelas gonflables. Je trouve plus confortable. Alors garde ton lit.
Bill - Tu es bien la seule personne que je connais qui aime dormir sur ces trucs. Mais bon, si tu préfères, je ne vais pas t’en priver. Bon je vais te faire visiter avant manger.

Je lui fais visiter toute la maison. Nous finissons par la cuisine.

Sylvie - J’allais vous appeler. J’espère que tu aimes les lasagnes, Tom.
Tom - J’adore ça.
Sylvie - Tant mieux. Tu es allergique à quelque chose ? J’irais faire des courses demain matin.
Tom - Juste aux pommes.
Sylvie - Alors ça va. Bill y est aussi allergique. Ca me facilitera la tâche.

Nous mangeons en plaisantant. Enfin, ma mère essaie de me ridiculiser, et Tom essaie de me défendre comme il peut. Nous aidons ensuite ma mère à faire la vaisselle. Elle lave, Tom essuie et je range. Elle nous libère enfin, nous laissant faire ce qu’on veut du reste de la soirée. On monte dans la chambre.

Bill - Tu veux faire quoi ?
Tom - Rien.

Je me couche en diagonale sur mon lit.

Tom - Tu me laisses une place, pour qu’on ne soit pas obligés de gueuler entre les lits pour se parler ?
Bill - Ouaip.

Je me décale. Je le sens s’installer à coté de moi.

Bill - Ah j’ai oublié. Merci pour la lettre. C’est trop adorable.
Tom - Tu as réussi à la lire ?
Bill - Bien sûr. En fait, à part écrire à l’envers, et les accents, c’était bien. Et ça m’a fait trop plaisir. Je ne m’y attendais vraiment pas.
Tom - Bah de rien. J’aurais pu te téléphoner, mais je n’avais pas ton numéro. Et le dernier bottin qu’on a date des années 60. Alors je me suis dit que je pouvais t’écrire une lettre.

Je baille à m’en déboiter la mâchoire.

Bill - Je suis claqué. J’ai pourtant rien fait aujourd’hui.
Tom - Ne t’inquiète pas je suis dans le même cas.
Bill - On va se coucher ?
Tom - Bonne idée. Il nous reste la semaine pour parler.

J’enlève mes habits et enfile un short. Je vais à la salle de bains, me lave les dents et me coiffe. Je retourne dans la chambre. Je prends mon Mp3 sur mon bureau et vais m’installer dans mon lit. J’entends Tom revenir de la salle de bains, puis le bruit de l’interrupteur.

Tom - Bonne nuit.

Il m’embrasse sur la joue. Je sursaute. Je n’avais pas remarqué qu’il était si près.

Tom - Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Promis je ferais plus de bruit si j’y pense.

Il va vers son lit en traînant des pieds. Je rigole.

Bill - Bonne nuit.



Je suis ballotté en tout sens. Comme si j’étais assis en haut d’un mat. Ou sur un ressort. Des murs m’emprisonnent. Les murs se rapprochent, de plus en plus vite. Un choc, puis le ressort se détend. Je suis éjecté de la boite, comme une vulgaire poupée. J’atterris sur une route. Un rire diabolique retentit, me fige jusqu’au sang. Je regarde ce que je croyais être une boîte. C’est la voiture de mon père. Je crie. Je hurle à pleins poumons. Un vent glacial souffle. Je vois son corps, une mare de sang s’étalant sous lui. Je me relève le plus vite possible. J’essaie de courir, mais je reste sur place. Pire, je recule, mes pas me rapprochant de mon père.
Soudain le vent s’arrête, le rire s’évanouit lentement, et je peux enfin m’éloigner de cet endroit. A peine le carrefour franchi que le vent est remplacé par une brise douce et chaude, le rire par une voix douce et chaude.

« Bill, réveilles-toi. Je suis là. Je ne te quitte pas. Je suis là. »



Je me réveille en sursaut. Je sens une main dans la mienne. Celle de Tom. Je me jette dans ses bras. Mes larmes coulent sans que je puisse les en empêcher. Tom me murmure des mots apaisants. Il se débrouille pour qu’il soit appuyé contre le mur. Je reste contre lui. Quand mes larmes se calment enfin, il se lève.

Bill - Ne pars pas.
Tom - Je ne pars pas. Je vais juste te chercher un verre d’eau.

Il revient rapidement, prends ma main et y met un verre. Je le bois complètement puis le tend à Tom.

Tom - Ca va mieux ?
Bill - Oui. Merci.
Tom - Maintenant recouches-toi et essaye de dormir.
Bill - NON ! Je ne veux pas … Je ne veux pas que ça recommence. Reste avec moi.
Tom - D’accord. Mais recouches-toi. Tu vas avoir mal au dos si tu restes dans cette position. 

Je me recouche. Tom s’installe à coté de moi. Je tâtonne le duvet jusqu’à trouver sa main, que je prends dans la mienne. Ca me rassure, de savoir qu’il est là pour moi.

Bill - Merci.



J’entends des bruits venant de la cuisine. Ma mère est en train de faire du café. Sa machine fait un max de bruit. Plus près de moi, voire contre mon oreille, j’entends aussi une respiration régulière. Je sais pas comment, mais je suis à moitié sur Tom, la tête appuyée sur son torse. Une de mes mains, posée sur son épaule glisse jusqu’à être sur le matelas. J’attrape une de ses tresses et joue un moment avec. J’espère qu’il ne va pas se réveiller. J’aurais de la peine à explique pourquoi ma main est maintenant en train de caresser son cou, remontant lentement jusqu’à sa joue. Je passe mon doigt sur ses paupières, le long de son nez. Puis sur ses lèvres. Elles sont si douces. Je le sens bouger. Merde je l’ai réveillé ! Je me fige. Il se tourne légèrement, et referme ses bras autour de moi. Je repose ma main sur le matelas et recommence à jouer avec une de ses tresses. Je n’ai plus qu’attendre qu’il se réveille.



Tom me lâche enfin et s’étire. J’en profite pour me mettre assis.

Bill - Tu es enfin réveillé !
Tom - Oui. C’est ton ventre qui gargouille, le responsable.
Bill - J’ai faim.
Tom - Il te suffisait de me réveiller, si tu voulais aller manger.

J’enfile un T-shirt. Il est trois mille fois trop grand pour moi.

Tom - Tu sais que c’est mon T-shirt que tu portes ?
Bill - Oui j’ai remarqué. Je peux le garder ?
Tom - Bien sûr, ca te va assez bien en plus.

On descend à la cuisine pour déjeuner.

Bill - Chocolat, ça te va ?
Tom - Nickel !

Je prépare deux tasses. J’allais sortir le pain quand j’entends la voiture de ma mère. Elle a du aller faire les courses, et elle a sûrement acheté des croissants. J’entends la porte s’ouvrir.

Bill - Hello m’man !!
Tom - Bonjour.
Sylvie - Vous êtes déjà réveillés ?
Bill - Déjà, il est quand même 10h15.
Sylvie - Pas faux. Je vous ai amenés des croissants. Ils sont encore chauds.
Tom - Merci.
Sylvie - Et j’ai aussi pris des pains au chocolat. J’en veux un de chaque !

Elle ressort chercher des sacs dans la voiture. Tom pose le cornet de croissants près de moi, et le fait bruisser. Il a déjà pris des réflexes pour m’aider, comme faire du bruit pour que je repère les objets. Comme s’il avait l’habitude. C’est vraiment touchant.

Tom - Tu as prévu une activité pour aujourd’hui ?
Bill - Pas encore. Mais je vais peut-être t’apprendre un peu le braille. Tu as déjà les bases, donc ce sera rapide. On verra après.
Tom - Cool. Tu n’imagines pas à quel point j’ai galéré pour t’écrire la lettre.
Bill - Je pense bien. Ma mère a mis des mois entiers à réussir à écrire une phrase.
Sylvie - Ce n’est pas parce que tu as appris l’alphabet braille en une semaine que tout le monde a la même facilité que toi. C’est un véritable casse-tête. Même maintenant, j’ai encore de la peine.

On finit de déjeuner, puis montons dans la chambre. Je m’asseye sur le lit. Tom me rejoint.

Bill - Je voulais m’excuser de t’avoir réveillé cette nuit, et merci aussi.
Tom - De rien. Mais tu n’as pas besoin de t’excuser. De toute manière je ne dormais pas encore. Tu as fait un cauchemar. Ça peut arriver. Je ne vais pas t’en vouloir pour ça.

Je m’approche de lui et le prend dans ses bras.

Bill - Merci.

On reste un bon moment comme ça puis nous nous séparons. Je me lève pour prendre un texte que j’ai écrit, une feuille blanche et mon boitier d’écriture braille.

Tom - Ce ne serait pas plus simple de le faire sur le bureau ?
Bill - Pas forcément. De toute manière, on va faire de la lecture avant.

Je lui tends le texte. Je me suis débrouillé pour que les lettres soient assez espacées, pour que ce soit plus simple pour lui de lire. Il y arrive assez bien, devine les lettres qu’il ne reconnait pas, et s’il n’y arrive pas, il me demande. Ce qui n’arrive pas très souvent. Et vu que le texte est assez long, je m’ennuie un peu. Je prends la feuille et commence à écrire les paroles d’une chanson de Linkin Park que je connais par cœur.

Tom - Pourquoi tu écris à l’envers ?
Bill - Mais je n’écris pas à l’en … Ah oui. En fait, avec le braille, tu lis grâce aux bosses. Et en écrivant avec ce genre de boitier, ca te fait des trous, donc il faut écrire à l’envers. Tu vois par exemple …

Je me lève pour prendre la lettre qu’il m’a envoyée.

Bill - Sur ta lettre, si tu veux lire, tu dois faire depuis le dessous de la feuille.
Tom - Désolé. Je ne savais pas. Ce n’est pas trop compliqué de lire comme ça ?
Bill - Non, on s’habitue vite. Quand j’étais petit, ma mère avait fait des étiquettes pour que je retrouve certains trucs. Mais elle les avait faites à l’envers. Donc je devais lire de droite à gauche. Et pour écrire, c’est aussi une habitude à prendre.
Tom - Ah ok. J’ai fini le texte.
Bill - OK, alors ...

Je me relève et reprend une feuille.

Bill - Tu vas lire ta lettre. Comme ça tu verras comment ça fait de lire depuis dessous.
Tom - Et je devrais la corriger, c’est ça ?
Bill - Bah je n’y avais pas pensé. Mais c’est une bonne idée.
Tom - OK.

Je m’installe sur le dos. Tom est couché à coté de moi, en train de réécrire sa lettre. Tout d’un coup, je sens des mains sur mes hanches.

Bill - Tom arrête !
Tom - Non.

Il continue de me chatouiller. J’essaie de lui échapper. Sans succès, car il s’asseye à califourchon sur moi pour m’empêcher de me lever. Et essayer de lui prendre les mains ne sert à rien, il arrive à me bloquer avant. Je ne vois qu’un seul moyen. Je passe mes mains sous son T-shirt et les pose sur son ventre. J’ai toujours eu les mains froides. Et ces temps-ci, c’est encore pire que d’habitude. Je sens ses muscles se contracter.

Tom - Ah putin c’est froid !

Il retire mes mains de sous son T-shirt et me les bloques au dessus de la tête.

Tom - Faudra m’expliquer pourquoi tu as des glaçons à la place des mains.

Bill - Arrêtes de me chatouiller, et y’aura aucun problème.
Tom - OK, ça marche.

Il lâche une de mes mains pour venir caresser ma joue. Ma main libre va caresser sa nuque. Je l’attire lentement à moi. Personne ne viendra nous interrompre cette fois-ci. Je pose mes lèvres sur les siennes. Je libère ma deuxième main et va caresser son dos. Je le sens frissonner. Il fait passer ses doigts dans mes cheveux. Mes lèvres s’entrouvrent tandis que je soupire de bien-être. Le baiser s’intensifie. J’entends la porte s’ouvrir doucement, puis se refermer tout aussi doucement.



On est dimanche. Tom doit partir. Je suis dans ses bras, et refuse de le laisser ne serait-ce que franchir la porte de ma chambre avec sa valise.

Tom - Moi non plus je ne veux pas partir. Mais ma mère m’attend en bas. Je reviens samedi prochain, et je t’appelle ce soir, promis. Et on peut s’arranger pour que tu viennes chez moi, une fois. Et je passerais au centre mercredi.
Bill - Je sais, mais même.

Il me serre plus fort contre lui. Je porte un de ses T-shirts, avec un de mes jeans slim.

Sylvie - Tom, ta mère t’attend. Je dois lui offrir un café, ou c’est bon ?
Tom - Non je vais …
Bill - Offre-lui un café, même plusieurs.
Tom - Mais …
Bill - Chut.

Je l’embrasse.

Sylvie - Bon je vous laisse.

Elle referme la porte.

Tom - Je vais devoir partir, tu sais. Ce ne serait pas mieux de faire au plus vite ?
Bill - Non. De toute manière, tu n’as pas fini de faire ta valise, il te reste des habits dans l’armoire.
Tom - Pas faux. Et ce T-shirt, aussi.
Bill - Ne rêve pas, je le garde. Bon je vais boire un peu d’eau. Je reviens tout de suite.

Je l’embrasse rapidement et sort de la chambre. Je descends à la cuisine, ou j’entends ma mère et celle de Tom discuter.

Bill - Bonjour.
Laura - Bonjour. Je suis Laura, la mère de Tom. Tu dois être Bill.
Bill - Oui. Mais tout ce que ma mère a dit est faux.

Je tends ma main. Elle me la serre en rigolant.

Laura - Elle m’a juste dit que Tom était un garçon formidable, que j’avais vraiment de la chance de l’avoir. Et aussi que tu complotais pour que Tom reste plus longtemps.
Bill - Ah, alors ce qu’elle a dit est vrai. Même si je trouve qu’offrir un café est plus un signe de politesse qu’un complot. De toute manière, Tom n’a pas fini sa valise. Et il en a pour un moment

Je m’approche de l’armoire, sort un verre et le remplit d’eau.

Sylvie - J’espère que tu ne vas pas me faire exploser la facture de téléphone en tout cas.
Bill - Dommage pour toi, maman. Ca risque d’arriver. Et pas plus tard que ce soir !

Je bois mon verre d’une traite.

Bill - Bon je remonte.

Je me dépêche de remonter.

Bill - Tom ?
Tom - Devant l’armoire. 

Je referme la porte derrière moi et le rejoint. Il me prend dans ses bras. Je ne veux vraiment pas qu’il parte. Ca ne fait pourtant pas longtemps que je le connais, mais entre toute ma vie et ces 3 semaines passées avec lui, le choix serait vite fait. Je crois que … Non, je suis sûr que je l’aime. Je suis follement amoureux de Tom. Je l’embrasse. On reste un long moment comme ça puis nous descendons. Tom prend déjà sa valise en bas.

Tom - Désolé d’avoir mis autant de temps, maman.
Laura - Pas de problème. Bill nous a dit que tu en avais pour un moment. Et vu que Sylvie est très bavarde, je n’ai pas vu le temps passer. Et elle vient de me servir un autre café …
Tom - Ok. Je vais juste contrôler que je n’ai rien oublié.

Il dépose un baiser sur mes lèvres et se dépêche de monter. Il revient bien 10 minutes plus tard.

Bill - Pourquoi tu as mis si long ?
Tom - J’ai juste fait un truc.

Il passe ses bras autour de moi. Je me sens tellement bien comme ça, appuyé contre son torse. Nos mères discutent de tout, jusqu’à ce que j’entende ma mère se lever et poser les tasses dans l’évier. Non ! Je ne veux pas qu’il parte. Je sens une larme rouler sur ma joue.

Tom - Chut, ne pleure pas. Je serais toujours là, jamais je ne te quitterais.

Je me retourne et le serre contre moi. J’entends nos mères se lever et quitter la pièce. J’essaie de calmer mes larmes au maximum. Je lui prends la main et le tire jusque sur le perron.

Tom - Je t’appelle dès que je rentre.

Il passe sa main sur ma joue, et m’attire à lui. Nos lèvres se rejoignent. Nous restons un long moment comme ça. Je me sépare de lui à contre cœur.

Tom - Il y a quelque chose pour toi sur ton bureau.
Bill - Pourquoi tu ne me l’as pas donné directement ?
Tom - Tu verras.
Laura - Tom ! Il faut qu’on parte maintenant.
Tom - 5 minutes, c’est trop te demander ?

Il me serre encore une fois contre son torse.

Tom - Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter d’être loin de toi.
Bill - Moi je sais que je ne le supporterais pas. Mais on n’a pas le choix.
Tom - Bye, à toute à l’heure.
Bill - Bye.

Les larmes coulent sans s’arrêter maintenant. J’entends la portière claquer, puis la voiture s’éloigner. Ma mère vient me prendre dans ses bras. Je la repousse. Ce n’est pas ses bras dont j’ai besoin.

Je monte dans ma chambre. Je repense au cadeau. Pourquoi ne me l’a-t-il pas donné directement ? Je ferme la porte derrière moi. Je cherche quelque chose sur mon bureau. Il est bien gentil, mais je ne trouve rien. Ah, enfin. C’est une feuille. Je la saisis, remarquant au passage que c’est écrit en braille.

« Bill

Si tu lis cette lettre, c’est que je ne suis plus avec toi. Et crois-moi, ça me tue. Rien que de savoir que je vais devoir partir, j’ai les larmes aux yeux.
Je dois te dire quelque chose. Je te le dirais bien directement mais j’ai beaucoup trop peur.
Je t’aime Bill. Je t’aime à la folie. Quand je te prends contre moi, que je te serre dans mes bras, je me sens fort, mais si faible aussi. Je me sens perdu quand je suis loin de toi, mais dès que je te vois, je retrouve mes repères. Je t’aime tellement si tu savais …
                                          
Tom »

Je souris. C’est tellement beau ce qu’il a écrit. Je redescends.

Sylvie - Ca va ?
Bill - Oui, oui.
Sylvie - Non mais il y a cinq minutes, j’ai cru que tu allais me claquer dans les pattes de tristesse. Et là, tu souris. J’ai de la peine à comprendre.
Bill - Je t’explique après.
Sylvie - ok, j’attendrais la fin de ta conversation avec ton chéri.

Je vais au salon, et m’installe le plus près du téléphone. Dès qu’il sonne, je décroche.

Bill - Hello Tomi.
Tom - Hello. Ca va mieux ?
Bill - Maintenant oui. Mis à part que tu es un boulet, bien sûr.
Tom - Comme ça, je suis un boulet. Depuis quand ?
Bill - Depuis que tu es encore plus aveugle que moi.
Tom - Et pourquoi ?
Bill - Tu serais moins aveugle, peut-être que tu aurais vu que moi aussi je t’aime à la folie.

J’ai envie de lui faire une grosse blague bine méchante, même si ca va me coûter cher. Très cher. Je raccroche le téléphone et rejoint ma mère.

Sylvie - J’ai cru que vous vouliez faire exploser nos factures de téléphone, à Laura et moi.
Bill - Je lui fais une petite blague. Si tu me vois rôder près du téléphone, empêche-moi de téléphoner. Et aussi de décrocher.
Sylvie - Si je comprends bien, je dois t’éviter tout contact avec Tom jusqu’à ce que tu le voies mercredi, c’est ça ?
Bill - Tu as tout compris.
Sylvie - Ma vie va devenir un enfer. 

Le téléphone sonne. Je regarde en direction du salon en me mordant la lèvre.

Sylvie - OK, tu t’occupes de brasser les pâtes. Je vais répondre.
Bill - Et tu vas lui dire quoi ?
Sylvie - Je ne sais pas. J’improviserais.
Bill - Je regrette déjà ma blague.



Je suis sur le chemin du centre. Ma mère a hésité à m’attacher mains et pieds, tellement je lui fais chier.

Bill - Maman, …
Sylvie - On arrive dans même pas cinq minutes, alors arrête de me poser la question. Autrement je te ramène à la maison. Tu as voulu faire une blague, assumes les conséquences.

Bon bah on va attendre tranquillement. Je sens la voiture ralentir. Maman se parque et nous sortons de la voiture. Elle me tient par le bras, pour éviter que je coure jusqu’à l’intérieur. Dès que nous avons franchi la porte, elle me lâche.

Tom - Toi !

Il est énervé. Je vais passer un mauvais quart d’heure. Je sens enfin son parfum. Il se tient juste devant moi. Je recule lentement contre le mur. Je flippe un peu des représailles.

Tom - Tu as de la chance que je t’aime à en mourir. Parce je te jure que je t’aurais fait payer cette blague de merde, si ce n’était pas le cas.

Je pose ma main sur sa joue.

Bill - Je l’ai payé, crois-moi. J’ai regretté dès ton deuxième appel. Maman a du mettre le téléphone dans sa chambre pour pas que je t’appelle dès qu’elle se couchait.

Je l’embrasse. Ça m’a tellement manqué, de l’avoir dans mes bras. Je me sépare de lui.

Bill - Je t’aime Tom.
Tom - Je t’aime tellement.



Je me réveille. On est samedi matin. Tom est arrivé hier, et nous avons passé la journée à nous embrasser. J’ai la tête posée sur son torse. Je me lève sans le réveiller et vais à la salle de bains. J’allais prendre ma brosse, mais j’arrête mon mouvement. Je laisse échapper un cri. Je recule jusqu’au mur et me laisse glisser au sol. Je commence à pleurer.

Tom - Bill ? Qu’y a-t-il ?
Bill - Rien, ne t’inquiète pas. J’ai juste été surpris. 

Je me relève et cours dans ses bras.

Tom - Tu m’inquiètes Bill. Qu’est-ce qu’il y a ?
Bill - Regardes mes yeux.
Tom - Ils sont beaux, et remplis de larmes, ce que je n’apprécie pas vraiment.
Bill - Il y a autre chose que tu devrais voir. Quelque chose a disparu.
Tom - Non, là franchement je ne vois pas.

Je rigole.

Bill - C’est parce que tu as n’a jamais trouvé ça bizarre. Mais rappelle-toi pourquoi je porte mes lunettes de soleil quand je sors.
Tom - Parce que tes yeux sont comme lait … Tes yeux. Ils sont clairs !
Bill - Exact.
Tom - Mais ça veux dire que …
Bill - Oui, je vois à nouveau. D’ailleurs tu es magnifique.

Il me prend par la taille et tourne sur lui-même. Comme le premier jour au centre. Il me repose après quelques tours et me serre contre lui. Je rouvre les yeux.

Tom - Comment ça se fait ?
Bill - Je n’en sais rien. A chaque fois que mon père me parlait de maman et lui, il me disait « ne t’inquiète pas si tu ne comprends pas tout. Tu verras quand tu trouveras l’amour ».

Tom vient poser ses lèvres sur les miennes. Je l’aime plus que tout. Je reperdrais la vue pour lui. Je m’éloigne de ses lèvres et le serre contre moi. Je croise mon reflet dans le miroir.

Bill - Putin !
Tom - Quoi ?

Je me sépare de Tom et m’approche du miroir.

Bill - Rassures-moi, je n’ai pas cette tête tous les matins quand même ?

 


image prise sur

Fucker Berrouz

 

 

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Samedi 7 mai 6 07 /05 /Mai 22:11
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : OS Tokio Hotel

Je suis rentré depuis deux jours. Je n'ai toujours pas revu Bill. Mais notre meilleur ami m'a prévenu qu'il était chez lui.

Je n'ai pas encore pu retourner dans ma chambre. Je n'en avais pas la force. Mais je veux le faire aujourd'hui, me débarrasser des dernières affaires qui me rappellent mon ancienne vie. Je monte lentement les marches jusqu'à ma chambre et pose la main sur la poignée de la porte. Je respire profondément, essayant de me calmer. Dès que j'y parviens, j'ouvre la porte. Il y a encore les draps tachés de sang sur le lit, la boîte de chaussures contenant tous ces objets de malheur à coté. J'ouvre le sac poubelle que j'ai pris avec moi et y met les draps et la boite à chaussures. Je me laisse tomber sur le lit.
Comment j'ai pu en arriver là ? Je voulais donner la meilleure vie possible à Bill, qu'il n'ait pas à porter le poids de nos problèmes financiers sur ses épaules. Et maintenant il me déteste. Pire, il m'évite. J'aurais préféré qu'il m'insulte et qu'il me frappe plutôt que ce silence qui commence vraiment à me faire peur. Je m'inquiète tellement pour lui.
Je vais ranger toute la chambre. Ça m'aidera à me débarrasser de cette vie d'avant. Comme si de tout nettoyer pouvait faire disparaître les souvenirs, les coups. Le sac poubelle est presque rempli. Je vais vite dans la chambre de Bill pour vider sa poubelle. Elle est remplie de brouillons. Il devait essayer d'écrire une nouvelle chanson. Je ramasse encore les quelques boules de papier qui trainent sur le bureau. Dessous, il y a une lettre qui m'est adressée.

« Tomi,

J'aurais dû le voir. J'aurais dû voir à quel point tu souffrais. Je suis tellement désolé. Si seulement tu m'en avais parlé. Je me sens tellement coupable de ne pas t'avoir aidé alors que tu avais besoin de moi, de ne pas avoir insisté quand tu me disais aller bien. De n'avoir pas rempli mon rôle de frère.

J'aurais dû comprendre les signaux que tu m'envoyais. Plus de virées shopping, plus de sorties en soirée, tu te refermais complètement, ne sortait que pour aller en cours et travailler. Tu devais avoir trop peur de croiser un de tes ... Même Andy était au courant, et te couvrait. Fais-moi penser à le frapper un jour.

Si tu m'en avais parlé, je ne t'en aurais pas empêché. Mais je me serais moins inquiété. Tu n'imagines pas le nombre de fois que j'ai failli te frapper, alors que tu rentrais en pleurant et couverts de bleus, pour que tu comprennes que moi aussi je souffrais de ton silence. 4 ans, comment tu as pu tenir aussi longtemps ? Sans rien laisser paraitre sauf ton corps blessé. En gardant la tête haute, restant le même aux yeux des autres. Il n'y a que moi qui voyais la supercherie, et j'étais le seul à pouvoir faire quelque chose. Mais j'avais beau piquer des crises et m'énerver contre toi, tu encaissais sans rien dire. Comme si tout était normal.

Encore désolé de n'avoir rien vu.

In Die Nacht

Billou »

Je me laisse tomber au sol. Avec la lettre il y a des paroles, que j'avais écrit quelques mois après que notre mère soit partie. Je ne savais pas qu'il les avait. Quand j'ai vu que je ne l'avais plus, j'ai pensé avoir jeté la feuille. In Die Nacht est le titre que j'avais inscrit en haut de la page.

Le froid m'envahit peu à peu
Combien de temps encore,
Pourrons-nous être ici tous les deux?
Reste ici
Les ombres veulent m'emporter
Mais si nous y allons
Alors allons-y à deux
Tu es tout ce que je suis
Et tout ce qui coule dans mes veines
Nous nous soutiendrons toujours
Même là ou nous chuterons
Peu importe la profondeur

Je ne veux pas être seul ici
Soyons ensemble
Dans la nuit
Cela arrivera tôt ou tard
Soyons seuls dans la nuit

Un appel au secours lancé à Bill. Il a bien compris le sens des paroles. Je dois lui parler.



J'arrive devant chez Andy. J'entre sans frapper. Je vois Andy sur le canapé.

Tom - est Bill ?
Andy - Ah Tom. J'allais t'appel …
Tom - OÙ EST MON FRÈRE ?
Andy - Calme-toi ! Ça ne sert à rien de crier.
Tom - Ça me sert à éviter de te frapper pour m'avoir laissé mentir à Bill. Où est-il ?
Andy - Bill m'inquiète. Il n'a pas mangé depuis qu'il est arrivé ici. Et impossible de savoir pourquoi, il ne veut pas me parler, il dit qu'il attend que tu vois son message. Il reste cloitré dans ma chambre et …

Je ne le laisse pas finir et commence à monter les escaliers en courant. J'ouvre doucement la porte de la chambre d'Andy.

Bill - Dégage Andy. Je t'ai dit que j'attends que Tom vienne.
Tom - Et je suis venu.

Il se retourne et se précipite dans mes bras. Je retiens un cri. Mes côtes et mon dos sont encore douloureux.

Bill - Je suis désolé, j'aurais dû voir que …
Tom - chuuut. C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû te le dire.
Bill - Mais j'aurais aussi pu t'aider, et …

Les larmes qui coulent sur ses joues depuis que je suis arrivé l'empêchent de finir sa phrase. Je le garde contre moi jusqu'à ce qu'il se calme.

Tom - On va faire comme d'habitude. On va oublier cette histoire, recommencer à zéro …
Bill - Faire comme si rien ne s'était passé, car il ne s'est rien passé. On est encore ensemble, et c'est ça qui compte.

On reste dans les bras l'un de l'autre. La porte s'ouvre doucement. Andy passe sa tête dans l'embrasure. Nous nous séparons un peu, histoire d'être polis un minimum.

Andy - Désolé de vous couper dans votre câlin, mais Bill, j'aimerais vraiment que tu manges quelque chose.
Bill - Je n'ai pas faim.
Tom - Bill tu n'as pas mangé depuis presque trois jours. Alors ne me dit pas que tu n'as pas faim.
Bill - En fait, Tomi, je n'ai pas mangé depuis que tu as été admis à l'hôpital.
Tom - Mais ça va pas ? Allez, à la cuisine !
Bill - Mais je n'ai pas faim !

Je le soulève comme un sac de pommes de terre.

Tom - Espèce de débile ! Tu ne pouvais pas manger un truc ? Histoire que je ne m'inquiète pas trop ?
Bill - Lâche-moi ! En plus t'es mal placé pour dire ça, Monsieur je-me-laisse-torturer-par-le-premier-venu.

J'arrive à la cuisine et le pose sur une chaise. Andy nous donne à chacun une assiette de pâtes avec de la viande et s'en prends une pour lui-même.

Tom - euh Andy, c'est Bill qui n'a rien mangé.
Andy - Arrête de me prendre pour un con. À l'hôpital tu n'as pas dû beaucoup manger, et depuis trois jours non plus. Parce que t'es bien gentil de dire que c'est ton rôle de grand frère de t'occuper de Bill, mais tu n'es même pas fichu de t'occuper de toi. Alors tu manges et tu ne discutes pas. Bill, c'est pareil pour toi. Vous êtes de vrais gamins !
Tom - Oui maman.
Bill - Oui maman. Mais alors toi aussi, tu la fermes !

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Mardi 19 juillet 2 19 /07 /Juil 01:02
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : OS Tokio Hotel
POV Tom

Je prends le tuyau et tire dessus. J’avais oublié à quel point une pipe à eau pouvait détendre, la Vodka que j’ai mise dans le réservoir aidant beaucoup. Bill est enfin revenu des courses. Il me rejoint sur mon lit, pose les paquets de bonbons et de chocolat, s’empare du deuxième tuyau et tire dessus, pour ensuite recracher le peu de fumée qu’il avait réussi à prendre.

« - Tu aurais pu m’attendre. Elle est presque finie.
- Elle est finie. Mais on va en refaire de toute façon. L’année dernière on en a bien fait vingt. »

C’est la troisième année qu’on se retrouve comme deux cons le jour de la Saint-Valentin, à fumer, boire et s’empiffrer de cochonneries. A chaque fois que l’un de nous sort avec quelqu’un, notre relation fusionnelle fait tout foirer. Je ne compte plus le nombre d’ultimatums qu’on m’a posé. Apparemment mes anciennes copines n’arrivaient pas à comprendre que mon frère jumeau est plus important. Je tire une dernière fois de la fumée et m’amuse à la recracher en faisant des ronds. Je prends mon cendrier pour enlever le tabac et le charbon, ramasse la pince à sucre et pose un nouveau charbon après avoir mis du tabac parfum menthe. J’allume le charbon.
Je vois Bill se saisir d’un paquet de bonbons. Des champignons en sucre rose et blanc. Il l’ouvre complètement et le pose entre nous. J’en prends un.
Je prends une canette de bière, et Bill la bouteille de Vodka.

« J’adore les Saint-Valentin comme ça.
- Clair. Pendant que tous les autres se font chier entre les restos chics et les cadeaux, nous on se bourre la gueule tranquille. En bref …
- C’est le pied !! »

On entrechoque nos bouteilles. Vive la Saint-Valentin.



La pipe à eau est finie depuis longtemps, ainsi que la plupart des bouteilles et il ne reste comme bonbons que quelques nounours Haribo. Bill est bourré et dort à moitié, appuyé sur mon épaule. Je ne suis pas dans un meilleur état. Mais je n’arrive pas à dormir à cause de la lumière encore allumée au plafond. Mon jumeau se colle à moi, se retrouvant avec la tête dans mon cou. J’évite de bouger, autant pour ne pas le réveiller que pour ne pas avoir la migraine. Je sursaute en sentant les mains de Bill passer sous mon T-shirt. Je lui attrape les poignets. Il lève la tête.

« Tu as les mains gelées.
- Et alors ? »

Il s’approche de mon visage. Nos lèvres se touchent presque. Je recule légèrement la tête. Il nous est déjà arrivé de nous smacker pour des paris. Je me suis d’ailleurs toujours demandé ce qui passait par la tête de nos amis quand ils nous lancent des défis pareils. Mais je sens qu’il ne s’arrêtera pas à un simple smack ce soir.

« Billou, tu es complètement saoul.
- Pas du tout. Je sais encore ce que je fais et ce que je veux. Et ce que je veux, c’est toi. 
- Non fré … »

Bill comble l’espace séparant nos lèvres. J’essaie de me libérer, de le repousser mais il vient emprisonner ma tête de ses mains pour m’empêcher de bouger. Voyant que je résiste encore, il s’éloigne légèrement.

« Laisse-toi faire, abandonne-toi.
- Bill, on est frères. On ne devrait pas …

Il recolle nos lèvres, une de ses mains délaissant mon visage pour se glisser à nouveau sous mon T-shirt. Le contact de sa main froide contre ma peau me donne des frissons. Bill passe doucement sa langue entre mes lèvres au moment même où je les entrouvre. Je réponds au baiser. Je ne peux pas résister à son piercing, à ses lèvres douces et à ses mains qui me caressent. Mon corps ne répond plus normalement. J’ordonne à mes mains de le repousser, mais au contraire elles passent dans son dos pour le retenir.
Nos lèvres s’éloignent. Il continue ses baisers dans mon cou, ses mains remontant de plus en plus sous mon T-shirt. Il finit par me l’enlever, ainsi que le sien. Ses baisers descendent sur mon torse, sa langue parcourant à son tour la peau offerte.

« - Bill, on … on ne peut pas faire ça. »

Ses mains décrochent mon pantalon et l’abaissent, ainsi que mon boxer. J’essaye de me convaincre à le repousser, et à m’enfuir de sa chambre. Mais il me connait trop bien, il connait tous mes points faibles. Comme à cet instant, où après avoir enlevé son pantalon et son boxer, il est revenu s’asseoir sur mes cuisses pour m’embrasser dans le cou, juste derrière l’oreille, ses mains parcourant mon torse et me procurant mille frissons. Je passe ma main dans son cou, le faisant reculer assez pour l’embrasser.
On ne devrait pas. On ne devrait pas être nus l’un contre l’autre. On ne devrait s’embrasser comme si notre vie en dépendait. On ne devrait pas avoir envie de l’autre. Je ne devrais pas glisser mes mains dans son dos pour nous coller encore plus. On ne devrait pas ressentir ce frisson quand nos torses et nos sexes en érection se touchent. Ressentir toute cette passion. On ne devrait pas …
Et pourtant je le maintiens serré contre moi, nos langues dansant l’une contre l’autre. Je le pousse de manière à être au dessus de lui. Je me retrouve entre ses jambes relevées. Tout en m’appuyant de chaque coté de la tête de Bill avec mes avant-bras, le baiser vivant toujours, je commence à me frotter contre lui. D’abord lentement, puis accélérant le rythme peu à peu. Les deux mains de Bill sont dans mon dos, me pressant encore plus contre lui. Nous nous séparons, n’ayant plus de souffle, mais nos visages restent proches, nos gémissements allant s’écraser sur les lèvres de l’autre. Je le regarde dans les yeux. Ces yeux noisettes si différents mais pourtant si semblables en cet instant. Si différents dans les sentiments qu’ils montrent habituellement. Mais si ressemblants en ce moment, révélant les mêmes envies, les mêmes désirs. Plus, encore plus et toujours plus.
Je continue d’accélérer le rythme de mes coups de bassin, mes yeux toujours fixés dans les siens, jusqu’à ce que j’atteigne l’orgasme, juste après Bill. Je me couche à coté de lui. Il m’embrasse chastement et se blottit contre moi.



image par : Allegator

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