Mardi 17 juillet 2 17 /07 /Juil 13:19
- Par x-DDM-th-x - Publié dans : Fiction - Double

Le soleil se levait à peine. Mais dans la chambre un jeune homme tressé se rhabillait sans le moindre bruit. Il avait beaucoup réfléchi, et savait ce qu’il lui restait à faire. Il prit un papier et un stylo, y écrivit « On reviendra. Love. T » et le posa sur l’oreiller à coté du noiraud. Il déposa un baiser sur son front, caressa sa joue avant de se détourner. Il reprit toutes ses affaires, enfila ses chaussures et partit, refermant la porte derrière lui. L’air était agréablement frais et les rues étaient désertes. Il aurait volontiers traîné en chemin, mais ce qu’il devait faire allait nécessiter du temps, et il n’en avait pas à volonté. Le tressé arriva rapidement où il devait se rendre. Le bâtiment venait d’ouvrir. Bien sûr une partie des bureaux était ouverte toute la nuit, mais uniquement pour les interventions.

Il regarda le bâtiment, prit une grande respiration et franchit la porte. Il arriva dans un grand hall, avec plusieurs bureaux, et une petite salle d’attente dans un coin. Il s’approcha d’un des bureaux.

 

« Bonjour. C’est pour quoi ?

- J’aimerais porter plainte contre ma mère. »

 

 

Tom se laissa tomber sur ton lit. Il n’en pouvait plus. Les trois heures qu’il avait passé au commissariat pour porter plainte l’avaient vidé de son énergie, et en rentrant, il avait dû inventer un mensonge sur sa journée pour sa mère. Puis il avait dû préparer le repas. Il était enfin tranquille, sa mère lui ayant laissé l’après-midi.

Il n’arrivait pas à réaliser qu’il avait enfin osé porter plainte contre Sylvie. Mais pour que Bill soit heureux, il était prêt à tout. Son plan était parfait. Son dossier serait examiné, et vu la gravité des faits, il serait pris en charge rapidement. Et Thomas sera enfin libéré de Sylvie, il pourra vivre normalement avec Bill, comme si Sylvie n’avait jamais existé. Il l’aimait tellement. Il savait que libérer Thomas allait signer sa disparition, mais il n’avait pas d’autres choix. Il ne pouvait pas laisser les choses comme elles étaient, alors que Thomas risquait autant sa vie. Cela faisait trop de peine à Bill.

Tom voulait que Bill soit heureux. Il ne pensait par contre pas à ce que le noiraud ressentirait à sa disparition. Bien sûr il aura Thomas, mais Bill n’aimait pas seulement une personnalité. Il ne pouvait avoir les deux, mais ne pouvait choisir. Tom, en allant porter plainte, avait choisi pour lui. Il ne se rendait pas compte du mal qu’il allait faire.

 

Le tressé se leva, se débarrassa de son T-shirt, et se campa devant le miroir. Le bleu sur son ventre allait vite disparaître. Il réalisa soudain qu’il n’en avait que faire que cette marque s’estompe. Il avait presque envie qu’elle reste à jamais sur sa peau, contrairement aux plaies faites par Sylvie. Pour la première fois, il osa les regarder, les affronter. Il passa doucement ses doigts dessus, comme Bill l’avait fait la veille. Il ferma les yeux pour faire refluer les souvenirs qui tentaient de s’emparer de lui.

 

 

Thomas essaya d’ouvrir les yeux. Son corps lui semblait lourd, et il dut se concentrer pour réussir à soulever ses paupières. Quand ce fut fait, il laissa ses yeux s’ajuster à la luminosité. Il était dans sa chambre, couché sur le ventre et vêtu de son seul boxer. Sa mère était assise à côté de lui, comme si elle veillait sur lui.

 

« Ce somnifère est parfait. Il est puissant, mais agit sur un temps assez court. Exactement ce qu’il me fallait. »

 

Il ne pouvait toujours pas bouger et se sentait partir, le somnifère n’ayant pas complètement disparu. Mais il lutta contre, pour découvrir ce qu’il allait encore subir. Son dos le brûlait, et un liquide qu’il identifia comme son sang coulait sur ses flancs et tiraillait la peau là où il commençait à sécher. Sylvie s’empara d’un petit objet sur la table de nuit. Brillance métallique et sang. Une lame de rasoir. Finalement, se rendormir n’était peut-être pas une mauvaise chose.

Thomas sentit le froid de la lame contre sa peau, le long de la ligne déjà tracée par Sylvie, puis la douleur vint supplanter tout le reste. Seules les larmes qui ruisselaient sur ses joues sans son accord venaient le distraire de sa souffrance. Un gémissement passa ses lèvres quand le bout de métal repassa dans la première coupure, rouvrant la plaie.

 

« Oh mon chéri, tu es réveillé. Ne t’inquiète pas, j’ai presque fini. Tu te sentiras mieux bientôt. »

 

Sylvie passa sa main sur la joue de son fils en lui adressant un tendre sourire réconfortant, laissant une trainée rouge sur sa peau. Souriant toujours, elle attrapa un petit flacon et une petite seringue qu’elle remplit, puis en injecta le contenu dans les veines de Thomas. En quelques secondes, il sentit le produit agir. Il avait de plus en plus de peine à garder les yeux ouverts.

Au moment où il sombrait à nouveau dans l’inconscience, il entendit un murmure près de son oreille.

 

« Je t’aime mon chéri »

 

 

Ce jour-là, Thomas s’était retrouvé avec une dizaine de lignes en sang dans le dos, et avait dû rester alité plusieurs jours. Et à la réflexion, Tom était apparu pour la première fois à ce moment. Il n’avait aucun souvenir de ces jours qu’il avait passé couché sur le ventre, presque sans bouger. Il avait pensé que c’était à cause du somnifère, mais avait découvert qu’il s’était disputé avec Sylvie et qu’elle l’avait frappé violemment sur ses plaies. Lui qui osait à peine la regarder dans les yeux. Et il s’en serait donc rappelé.

Il ne s’était jamais senti aussi sale que les fois où Sylvie lui lacérait la peau. Même quand Bill l’avait violé dans le parc. A ce moment, les sentiments que Tom ressentait - la gêne d’être touché comme ça dans un parc, où tout le monde pouvait les voir, et la joie de revoir Bill - éclipsaient les siens - la peur et la honte.

Tom continua de regarder ses cicatrices, tout en les effleurant. Il arrivait à les compter, même s’il n’avait pas besoin de le faire pour savoir qu’il avait quarante-deux cicatrices sur le haut des bras, et treize dans le dos. Il se retenait de hurler de rage et de haine. Il était trop près du but pour se laisser aller. Il ferma les yeux, et se concentra sur Bill, ses yeux noisette, sa voix si douce, ses cheveux de jais, ses tatouages envoutants. Il se rappela ses caresses, ses regards. Il s’apaisa immédiatement, tandis que son cœur battait la chamade. Ses mots lui revenaient à l’esprit.
« Vous êtes amoureux de Tom.

- Je ne sais pas. C’est possible »

Ces paroles étaient si belles aux yeux du tressé. Il aurait voulu pouvoir rester dans les bras de Bill, collé contre son torse, jusqu’au dernier moment. Il se remémora les baisers passionnés qu’ils s’étaient échangés, et surtout leur premier, le jour de leur rencontre. Il avait longtemps hésité avant de l’embrasser, mais dès que leurs lèvres s’étaient frôlées, il n’y avait plus eu de doute en lui.

Une douce chaleur se répandait dans son corps, partant de son bas-ventre. Il avait envie de Bill. De sentir son corps contre le sien. De l’embrasser jusqu’à en perdre haleine. De vivre son amour au grand jour.

Envie de faire l’amour avec Bill.

 

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