Partager l'article ! Miroir chapitre 14: Je vais la tuer. Mélodie étant incapable de faire la moindre pâtisserie, je dois lui préparer des muffins. En plus le paq ...
Je vais la tuer. Mélodie étant incapable de faire la moindre pâtisserie, je dois lui préparer des muffins. En plus le paquet de farine a explosé, et je suis couvert de poudre blanche. Et pendant ce temps, cette salope est tranquillement en train de se ruiner le cerveau devant des dessins animés débiles. Vivement que les cours recommencent. Plus que quelques jours.
La sonnette de la porte retentit.
« Tu peux aller ouvrir Mel’ s’il te plait.
- Ouais j’y vais. »
J’entends la porte s’ouvrir, et des voix. Mais je ne pourrais pas dire qui c’est depuis où je suis. Je me concentre trop sur le remplissage des moules pour réussir à entendre correctement. La porte se referme.
« C’est pour toi frérot. »
Je finis vite fait de remplir le moule sur lequel je m’affairais, pose mon bol de pâte et me retourne. Je sens mes joues passer d’un blanc pâle à cause de la farine à un rouge flamboyant. Tom est appuyé contre le chambranle, à deux doigts d’exploser de rire.
« Aucun commentaire sur mon look.
- Je n’oserais pas. Je peux te parler ?
- Ouais, mais pas ici, ma sœur viendra nous faire chier. J’enfourne ça, me change et c’est bon.
- Va te changer, je mets les gâteaux au four. »
Je me dépêche d’aller dans ma salle de bains, balancer mes vêtements dans le panier à linge sale et rejoindre ma
chambre. J’enfile rapidement un jean et un T-shirt simple et retourne à la cuisine, laissant mes cheveux tels qu’ils étaient, c'est-à-dire attachés en queue de cheval. J’attrape le minuteur, le
règle et l’amène à Mélodie.
« Dès que ça sonne, tu éteins le four et ouvre un peu la porte. Moi, je sors.
- Ok, à toute. Faites pas trop de folies. »
Je la frappe gentiment derrière la tête et rejoint Tom dans l’entrée. Nous sortons et marchons jusqu’au parc à coté de chez moi. Je n’ose pas dire un seul mot, et Tom a l’air de ressasser dans son esprit ce qu’il va me dire. Nous nous installons face à face sur un banc. Tom évite mon regard.
« Je … Je voulais m’excuser pour l’autre jour. J’ai mal réagi. J’aurais dû t’expliquer …
- Ce n’est pas grave. Je ne vais pas t’en vouloir pour si peu.
- C’est juste que je ne pensais pas que quelqu’un avait trouvé mon poème. Et surtout pas toi en fait.
- Comment ça ?
- J’ai écrit ce poème en pensant à mon ex, Nathanaël. »
Tom sort son natel, pianote sur l’écran et me le tend pour me montrer une photo. Un couple se tenant la main et se regardant amoureusement. La photo doit dater, car Tom a des dreads dessus. Ça lui va bien. Mais je n’arrive pas à bien voir l’autre personne avec lui, même si on voit clairement que ce n’est pas une fille. Je dois faire une tête pas possible car Tom rigole.
« Oui je suis gay, enfin bisexuel plus exactement. J’aurais peut-être dû commencer par là.
- Non mais ce n’est pas un problème pour moi. Pourquoi tu n’es plus avec lui ?
- Ça a été mon premier amour, et mon premier copain aussi. C’était le jour de nos 3 ans. Il devait me rejoindre pour qu’on passe la journée ensemble. Il était en moto, même s’il avait plu la veille et que les routes étaient glissantes. Et il a eu un accident. »
Tom commence à sangloter. Je le prends dans mes bras. C’est plus fort que moi. Je le garde dans mes bras et caresse son dos jusqu’à ce qu’il se calme.
« Une … Une voiture a perdu le contrôle dans un virage, et l’a percuté. Il est mort sur le coup. Il restait deux mois avant la fin des cours. Alors j’ai demandé à être transféré ici. J’ai changé de coiffure. Je voulais recommencer une nouvelle vie. Mais quand je t’ai vu, le premier cours que tu as fait dans la classe, j’ai cru que j’étais maudit.
- Pourquoi ? »
Il reprend son natel, et me le retends après avoir mis une autre photo. Là on voit bien le visage de Nathanaël. J’ai l’impression de me voir.
« C’est incroyable !
- Oui. Tu es son sosie. Mis à part la couleur des yeux. C’est pour ça que j’étais en colère le premier jour. Contre moi, parce que je n’arrivais pas à passer au dessus de ça, contre Nathanaël,
pour m’avoir abandonné, et contre toi, parce qu’à cause de ta ressemblance avec lui, je ressentais des choses que je m’étais interdit de ressentir. »
Il me prend la main, et caresse mes doigts doucement, concentré sur mon vernis. Il est tellement dans ses pensées que je ne sais même pas s’il s’en rend compte. Je n’ose même pas retirer ma main.
« Et puis après le cours, je me suis dit que c’était injuste de t’en vouloir pour quelque chose contre laquelle tu ne pouvais rien faire. Mais quand j’ai vu que tu avais gardé le poème, j’ai paniqué.
- Je l’ai gardé parce que je le trouve sublime, et aussi … je ne sais pas, mais je l’ai pris sur un coup de tête. Je me suis dit que je devais garder ce poème. Je ne savais pas que c’était toi qui l’avais écrit. Mais je suis désolé si ça t’as blessé d’une manière ou d’une autre.
- Non pas du tout … Et j’espère que toi tu me pardonneras pour ça. »
Il lève la tête et pose ses lèvres sur les miennes.
Je reste tétanisé. Ses lèvres sont douces, et chaudes contre les miennes, mais s’éloignent trop vite des miennes. Il se lève lentement et commence à partir. Je saute sur mes pieds et lui attrape le bras, tellement violemment qu’il se retourne et que je me retrouve plaqué contre son torse, emporté par mon élan. Il referme ses bras autour de ma taille.
« On devrait arrêter de fuir, tu ne trouves pas ?
- Qu’est-ce que tu fuis, toi ?
- La vérité. Mes sentiments. Toi. »
Je passe mes bras autour de sa nuque et l’attire à moi, réunissant nos lèvres à nouveau. Ses mains font des allers-retours dans mon dos, me collant encore plus à lui et me procurant de délicieux frissons. Nous succédons tendres baisers courts, et baisers plus passionnés. Nos lèvres se séparent, mais restent très proches. Nos regards se croisent et ne se lâchent plus. Je ne peux retenir un rire.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Oh je me dis juste que je, enfin on parce que tu as intérêt à être là pour me supporter, va bien se marrer quand ma sœur va l’apprendre.
- Pourquoi ? Ça ne lui ferait pas plaisir ?
- Oh si. Mais pas pour les bonnes raisons. Tu te rappelles du premier cours que je t’ai donné, quand Mélodie a débarqué ?
- Oui. Assez bien même.
- En fait, il s’avère qu’elle … te testait.
- Elle me testait ?
- Je lui avais parlé de toi, et de la façon dont tu avais réagi la première fois qu’on s’est vus. Et elle s’est plus ou moins mis en tête que j’avais eu le coup de foudre pour toi. Ou plutôt que tu avais réagi aussi mal parce que je te plaisais.
- Ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs.
- Alors elle a essayé de savoir si tu étais gay. C’est pour ça qu’elle s’est pointée à moitié à poil devant toi, et qu’elle m’a obligé à porter une chemise transparente.
- Et le pantalon moulant ?
- Aussi. Je souris en me rappelant la gêne que j’ai ressentie ce jour-là.
- J’ai découvert des choses très intéressantes ce jour là. »
Ses mains glissent de mon dos, la gauche glissant jusqu’à mon ventre et redescendant sur mon aine et la droite parcourant mon flanc. Nos
lèvres se rejoignent encore. Je me presse contre Tom le plus possible. A tel point que nous tombons à la renverse sur l’herbe. Je me retrouve à califourchon au dessus de Tom. Il fait glisser sa
main sur ma joue, puis dans mes cheveux jusqu’à défaire l’élastique. Mes mèches retombent, formant un rideau autour de nous.
« Bill, je … » je sens un léger soupir atterrir sur mes lèvres. « Je t’aime »