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Je me couche sur le banc, mon lecteur diffusant doucement de la musique. J’adore ce parc. Il est presque toujours désert, et l’endroit est magnifique, avec ces cerisiers, cet étang et ce saule pleureur dont les branches me protègent du soleil. Je ferme les yeux et profite de la petite brise qui ébouriffe mes cheveux. Je chantonne légèrement, me laissant bercer par la musique. Je me redresse en entendant un bruit d’eau, puis une voix. Faible, mais bien réelle. Je sors calmement de mon abri de feuilles, clignant des yeux à cause du soleil. Un jeune homme est assis à coté de l’étang. Il est trempé et s’énerve contre un caillou.
« Ça va ? »
Le jeune homme se retourne vers moi, me jauge d’un regard et me fait un sourire.
« Oui, oui. Je me suis juste tombé dans l’eau à cause de ce foutu caillou. Donc je sens un peu les algues, mais sinon tout va pour le mieux. Au moins, mon pull n’y est pas passé.
- J’habite à coté. Je peux te prêter des habits en attendant que les tiens soient secs.
- Je ne pense pas rentrer dans tes jeans.
- Tu serais étonné. Mais rassures-toi, je ne porte pas que des pantalons aussi serrés. »
Il me regarde, un sourcil levé. Apparemment il doute que je porte autre chose que des pantalons cigarette.
« Allez, viens ! »
Je lui tends la main. Il s’en saisit et se relève. Nous nous dirigeons vers mon immeuble. Nous arrivons rapidement devant mon appartement. J’ouvre la porte et prends sa main pour le faire entrer. Après avoir posé nos vestes sur le porte-habits, je le tire jusqu’à ma chambre. Je lui lâche la main et ouvre mon armoire, réfléchissant ce que je pourrais lui passer comme jeans.
« T’es sûr que tu veux pas un jeans serré ?
- Sûr et certain, merci. »
Je trouve rapidement le plus large de mes jeans. Je le lui passe, lui montrant la porte menant à la salle de bains pour qu’il puisse déjà commencer à se changer, le temps que je lui trouve un T-shirt décent.
« Putain, je trouve aucun T-shirt qui pourrait t’aller.
- Bah au pire je reste torse nu en attendant que le mien soit sec.
- Non mais je vais te trouver quelque chose.
- Ne te stresse pas. Ça ne me gêne pas. »
Il m’avait rejoint, uniquement vêtu de mon jeans et tenant ses propres habits à la main. Ça ne le gêne peut-être pas, mais moi oui. Il est super bien foutu. Une vraie bombe. Si j’étais sûr qu’il soit homo, je me jetterais sur lui sans hésitation. Je prends ses habits, et les pends dans la cabine de douche, branchant le chauffage d’appoint. Nous allons nous installer sur le bar de la cuisine. J’évite de trop regarder son torse musclé.
« En fait, comment tu t’appelles ?
- Thomas, mais je préfère Tom. Et toi ?
- Bill. Mais je préfère Bill. »
Tom rigole de ma blague. On parle de tout et de rien pendant des longues heures. J’ai beau essayer de me retenir, je ne peux pas m’empêcher de le reluquer. Son torse, son cou que j’ai envie de dévorer, sa bouche et son piercing avec lequel il n’arrête pas de jouer, ses yeux noisette. Il est vraiment beau. Et son sourire est carrément sexy. Mi-charmeur, mi-rieur. C’est totalement mon type de mec. Mais va glisser subtilement à quelqu’un que tu as rencontré à peine quelques heures auparavant que ça te plairait de lui enfoncer ton zbob entre les fesses. Je le vois regarder l’horloge au mur.
« Merde ! Je dois rentrer. »
Il se précipite dans ma chambre. Je mets les verres dans l’évier et le rejoint.
« Si ton jeans est pas sec, je te laisse le mien.
- Hum, non ça ira. »
Il ressort déjà de la salle de bain, me tendant mon jeans. Je le balance sur mon lit, et rejoins Tom à l’entrée, déjà en train d’enfiler son pull.
« Désolé, je serais bien resté plus longtemps, mais je vais me faire tuer par ma mère si je rentre pas maintenant.
- Prends-toi un appart. Au moins t’es tranquille.
- Faut que j’y pense, oui. Bon, allez. Sinon je vais être en retard.
- Ciao. »
Il s’avance vers moi, me saisit par la taille et pose ses lèvres sur les miennes. Le baiser s’approfondit rapidement, Tom sursautant légèrement d’étonnement en sentant la petite boule d’argent sur ma langue. Le baiser s’interrompt et Tom s’éloigne.
« Très sympa le piercing ».
Il m’embrasse à nouveau, en surface cette fois, et s’en va en rigolant.
Après avoir fermé la porte, je vais jusqu’à mon canapé et me laisse tomber dessus. Un grand sourire sur les lèvres, je repense à ce baiser. Je me suis fait embrasser par un mec que je connais à peine, et bordel que c’était bon.
Je me demande si je le reverrais. Je peux toujours essayer de squatter le parc jusqu’à ce que je le recroise. Peut-être qu’il repassera de lui-même chez moi. Enfin si sa mère lui autorise. Ça m’a l’air d’être une vraie mère poule. Le genre de mère que tout le monde rêve d’avoir. Toujours à vouloir tout savoir, mais portant un amour inconditionnel à son enfant. Comme ma mère en fait. Même si maintenant ça s’est calmé, elle m’appelle régulièrement pour prendre de mes nouvelles. Et je suis sûre que la mère de Tom est pareille. A s’inquiéter pour un rien, voulant le bonheur de son fils. Une mère exceptionnelle pour un fils exceptionnel.
…
Bill imagine que la mère de Tom est une mère aimante. Et qui penserait le contraire ? Mais pourtant …
Thomas franchit la porte doucement, s’attendant aux brimades qui n’allaient pas tarder à tomber à cause de son retard. Il s’était pourtant dépêché mais n’avait pas réussi à rentrer à temps de chez …
« Thomas Trümper ! Je peux savoir pourquoi tu rentres seulement maintenant ? »
Il ne répondit pas. Il n’avait aucune réponse à donner.
« Tu rêvassais encore ! Combien de fois je t’ai dit que rêvasser étaient pour les femmelettes ! Ces erreurs de la nature qui veulent avoir les mêmes droits que nous, les personnes normales. Heureusement que tu es normal. Un homme, un vrai. Pas une des tafioles sans fierté comme ton père. »
Le coup atterrit sur sa joue sans qu’il cherche à s’en défendre. Il savait que c’était la seule chose à faire. Subir et ne rien dire.
« - Oui mère. Je m’excuse pour mon retard. J’ai bousculé une fille dans la rue, et elle est tombée. Pour m’excuser, je lui ai offert un café. »
Thomas vit sa mère se radoucir automatiquement et un éclair de fierté traverser ses yeux. Elle alla même jusqu’à passer sa main sur la joue endolorie de son fils.
« Mais tu aurais dû m’appeler ! Je t’aurais laissé rester plus longtemps avec elle si j’avais su que tu étais avec une fille.
- Excusez-moi, mère. Je n’y ai pas pensé sur le moment.
- Tu es pardonné. Va dans ta chambre maintenant. »
Le jeune homme monta à l’étage, et alla se passer de l’eau sur le visage. Sa joue était rouge, et le brûlait. Il s’en sortait plutôt bien. Il avait réussi à inventer une excuse pour son retard. Même s’il ne se souvenait pas de son après-midi, ce qui n’était pas forcément une bonne chose. Ça signifiait qu’il avait encore perdu le contrôle. Que Tom avait encore une fois pris le dessus sur Thomas. Qu’il était faible.