x-DDM-th-x
Je vais les tuer. Je le jure sur mes cheveux, je vais les tuer. Enfin si je les revois un jour, et pour l’instant c’est mal parti. Ça fait bientôt six mois que j’attends des nouvelles des personnes que j’aime. Ils m’ont promis de revenir. Ils me manquent. Thomas et sa timidité, Tom et son expansivité, leurs caresses, leur lèvres. A un point tel que j’ai cru l’apercevoir il y a un peu moins d’un mois.
J’étais avec une amie en centre-ville, elle me charriait sur le fait que j’étais amoureux quand j’ai vu un jeune homme ayant le même visage. Il avait des dreads noires, et était bien habillé. Sur le coup, je me suis arrêté d’un coup et ai bousculé mon amie. Et quand mon esprit a recommencé à fonctionner à peu près correctement, plus personne n’était là. J’avais l’impression que mon cœur s’était arrêté, alors qu’au contraire il battait à tout rompre. J’avais chaud, alors que j’étais gelé sur place. Mon amie paniquait, essayait de me sortir de mon état de choc. Elle a finalement réussi à me tirer sur un banc proche où j’ai pu me remettre de mes émotions.
Pourquoi je me mets dans des états pareils pour un mec ? Je ne le reverrais sûrement jamais. Je ne sais pas son nom, je ne sais pas où il habite, ce qu’il fait. Je ne sais presque rien de lui. On pourrait croire que je l’ai rêvé. Mais ses caresses étaient pourtant bien réelles. J’ai parfois même l’impression de sentir son odeur chez moi.
Je devrais l’oublier. Mais je ne réussirais jamais. Je pense chaque jour à la douceur de ses lèvres, la tendresse de sa voix, la façon qu’il avait de me regarder.
Mon portable sonne, me sortant de ma rêverie. Un message de mon amie qui veut aller à la patinoire. Je n’ai pas spécialement envie aujourd’hui, mais ça peut être sympa. Ça me fera oublier mes soucis pendant un moment. Je lui réponds rapidement, me prépare et part.
Il fait un froid de canard. C’est horrible. Vivement cet été. Au moins, même si la neige tombe, elle ne tient pas. Sinon bonjour les gamelles. Je me dépêche d’aller jusqu’à la patinoire, loue mes patins et rejoint mon amie dans les vestiaires. Je me dépêche de les mettre et nous allons sur la glace.
Je reprends vite l’habitude, même si comparé à mon amie, j’avance à la vitesse d’un escargot. Pour l’instant nous avons la patinoire pour nous tout seuls. Il y a juste une autre personne, mais quand on est arrivés, elle était sur les bancs et elle est sortie un peu après. Je suis content d’être venu, j’adore patiner. On se sent tellement libre en glissant. Je fais des tours de patinoire, me mettant quelques fois de dos dans les parties droites. Mon amie m’appelle pour me dire qu’elle revient dans un moment.
Je continue de patiner, laissant mon esprit vagabonder.
« Attention ! »
Trop tard. Le temps que je revienne à la réalité et pense à freiner, j’avais déjà bousculé la seule autre personne présente ici. Nous nous retrouvons au sol. La personne se relève avant moi. Je me retourne pour me mettre face à elle.
« Dé… »
En levant la tête, je me retrouve face à la seule personne que je n’aurais jamais imaginé croiser. Thomas, un grand sourire aux lèvres, me tend la main pour m’aider à me relever. Au lieu des tresses qu’il arborait il y a 6 mois, il a des dreads noires qu’il a simplement attachées en queue de cheval. Je saisis sa main et me relève. Il me traine hors de la glace, jusqu’au vestiaire. Nous remettons nos chaussures, et nous dirigeons vers la sortie. Thomas avait repris ma main dans la sienne.
« Bill ? »
Je me retourne. Mon amie était revenue, et me regardait, presque choquée.
« Je.. Je t’appelle ce soir ou demain ok ? »
Je continue à suivre Thomas, complètement abasourdi. Nous posons nos patins à l’accueil et sortons. Il nous conduit aux escaliers que nous commençons à gravir.
Arrivés au niveau d’une espèce de passerelle, je m’arrête, essoufflé.
« Att.. Attends »
Thomas se laisse guider à son tour quand je vais m’appuyer contre un mur pour reprendre mon souffle, mais au lieu de me laisser un peu de temps pour que mon rythme cardiaque se calme, il se colle à moi, attrape mon menton et m’embrasse. Une pluie de baisers papillons s’échoue sur mes lèvres. Il s’amuse à me voir essayer d’approfondir le baiser sans y parvenir, encore stupéfait de le revoir. J’attrape finalement sa nuque, l’empêchant de reculer, et vais caresser sa lèvre inférieure avec ma langue. Le baiser s’intensifie enfin, tandis que ma main libre parcourt son torse, les siennes caressant mon dos. Je redécouvre son corps qui m’avait tant manqué. Sa chaleur, ses bras puissants me serrant contre lui.
Nous restons longtemps comme ça à nous embrasser. Mais même quand nous nous séparons, nos visages restent proches.
« Tu m’as manqué Bill »
Il repose ses lèvres sur les miennes, mais je ne réponds pas au baiser et m’éloigne.
« Attends. Je dois savoir plusieurs petites choses.
- Vas-y.
- Tom ou Thomas ? Où étais-tu tout ce temps ? Pourquoi je n’ai jamais eu droit à des nouvelles, ne serait-ce qu’un petit coup de fil ? »
Je vois un sourire apparaître sur ses lèvres.
« Ne te moque pas de moi ! Je me suis inquiété. J’ai imaginé les pires choses et … »
Je suis coupé par un doigt se posant sur mes lèvres. Je lève les yeux, et croise son regard.
« Je ne me moque pas. Mais si je ne t’ai pas appelé, c’est tout simplement que je n’ai pas ton numéro. Et pour ce que j’ai fait pendant ces six mois, je me suis libéré.
- Co...Comment ?
- Le jour où je suis parti, je me suis rendu au poste de police et j’ai porté plainte contre Sylvie. Quelques jours plus tard, elle était convoquée. Aux premiers jours du procès, j’ai obtenu qu’elle n’ait plus le droit de m’approcher. Pour fêter ça, je me suis fait faire des dreads »
Je saisis une de ses dreads entre mes doigts. Ça lui va vraiment bien.
« L’avocat qui me représentait m’a dit que vu la gravité des faits, ce serait assez rapide. Sylvie a vite été condamnée, mais elle a tout essayé pour ne pas rester en prison. Résultat, le premier procès a duré à peine 6 semaines, et toute l’histoire est terminée depuis bientôt un mois.
- Mais ça ne réponds pas à ma première question. Qui est devant moi ? Tom ou Thomas ?
- Quelle différence, tu les aimes autant l’un que l’autre. »
Il rigole, tandis qu’il prend ma main et s’amuse à embrasser chacun de mes doigts ainsi que ma paume. Je soupire.
« S’il te plait, réponds-moi.
- La nuit avant l’annonce du verdict du premier procès, j’ai rêvé que j’étais au tribunal, seul avec toi sur le premier banc. En face de moi, il y avait un deuxième moi. Il s’est levé, s’est approché de nous, et nous a souhaité Bonne chance.
- Tu es Thomas.
- Oui et non. Je suis lui, et il est moi. Mais surtout … »
Il s’arrête, me regarde en souriant.
« J’ai demandé à changer de prénom. Je m’appellerai officiellement Tom dans quelques jours, le temps que je reçoive ma nouvelle carte d’identité.
- Tu as fait changer ton nom ? Mais pourquoi ?
- Je voulais recommencer une nouvelle vie. Oublier mon passé. Et c’était le seul moyen de le faire. Et surtout, c’est pour remercier Tom. Sans lui, je serais encore emprisonné par ma mère.
- Et moi ?
- J’ai toute la vie devant moi pour te remercier. »