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Nous étions retournés chez moi, pour être un peu à l’abri de la chaleur. Tom était sous la douche. Pour la première fois, j’avais
vraiment fait attention à ses vêtements. Il avait un marcel noir, et portait une chemise légère de bûcheron qu’il avait laissé ouverte. Et des baggys assez simples. Je profite de faire la
vaisselle, qui commence à s’accumuler dans l’évier en l’attendant. Et surtout ça m’empêche de penser à la bombe atomique qui est sous le jet d’eau à ce moment même. Si je pouvais éviter de bander
comme un puceau, ça m’arrangerait.
Alors que je commence à essuyer, j’entends l’eau s’arrêter dans la salle de bains.
« Tu as besoin
d’aide ?
- Non j’ai presque
terminé. »
Je pose l’assiette que je finissais d’essuyer et me retourne vers lui.
…
J’ai soif, très soif tout d’un coup. Tom avait remis son jeans et sa
chemise, mais pas son marcel. Et apparemment, il n’a pas pris la peine non plus de s’essuyer. Il vient m’embrasser. Je profite de caresser son torse qui me faisait tellement envie, tandis qu’il
me presse contre lui. Nos lèvres se séparent, nos corps se décollent légèrement. Je baisse les yeux sur ses abdos. Je vois une marque sombre, à l’endroit où je l’ai frappé.
« Putain, je suis désolé.
- Je t’ai dit que ce n’était rien »
Je caresse l’ombre avec mon pouce, comme si ce geste pouvait la faire disparaître.
« Bill, regarde-moi »
Je lève les yeux, me plongeant dans ceux couleur chocolat de Tom.
« Ce n’est pas grave, loin de là. Thomas a subi bien pire.
Crois-moi. »
Il enlève sa chemise, prend ma main, et la fais passer de son épaule à son coude. J’ai beau ne rien voir,
je sens comme des stries sur sa peau. Comme si des cicatrices ornaient sa peau, tel un texte remplit une page. Puis il se retourne, et toujours guidant ma main, continue l’histoire gravée sur sa
peau que je n’avais pas remarquée quand j’ai caressé son dos dans le parc. Il a plusieurs bleus, la plupart en train de disparaître. Nos mains arrivées dans le bas de son dos, il se retourne. Il
passe sa main libre sur mes joues, essuyant les larmes qui coulaient sans que je ne m’en rende compte.
« C’est superficiel, mais ça laisse quand même des
cicatrices. Et dès qu’elles commencent à ne plus se voir, Thomas en subit de nouvelles. Elle essaye de le purifier comme ça. »
Je le prends dans mes bras et appuie ma tête contre son torse. C’est horrible de penser à ce qu’il subit.
Je dois l’aider. Je ne sais pas comment, mais je dois faire tout mon possible pour les sauver.
Tom saisit doucement mon
menton et me fait relever la tête. Il pose doucement ses lèvres contre les miennes, à plusieurs reprises, aussi léger qu’une plume. Peu à peu mes sanglots se calment, ainsi que mes pleurs. Je
reste dans ses bras encore un moment, puis me sépare de lui. Je vois qu’il a les yeux fixés sur un cadre posé sur le bar.
« C’est ta mère et toi ?
- Oui. Elle m’a carrément obligé à mettre cette photo dans mon appart.
C’est une des dernières photos où on est tous les deux. Je déteste être pris en photo.
- T’avais quel âge ?
- Une dizaine d’années. Maximum 12 je dirais.
- T’étais trop mignon. »
Ses yeux se posent sur moi.
« Tu l’es toujours d’ailleurs. »
Je sens mes joues s’enflammer. Je détourne le regard, tandis que Tom éclate de rire.
« Et son père ? Il ne peut pas
l’aider ?
- Il a quitté Sylvie pour un
homme. Elle voulait lui annoncer pour sa grossesse, et la veille il lui a annoncé qu’il aimait quelqu’un d’autre. Et elle l’a vu peu de temps après main dans la main avec un
homme.
- Elle a dû
apprécier.
- Ouais. Ça fait plus de 22 ans que
c’est arrivé, mais elle le répète chaque jour. Mais bon. Je trouverais un moyen pour sauver Thomas.
- Et si tu venais habiter chez moi ? »
Pourquoi je dis ça moi ? C’est sorti tout seul, sans que je puisse y réfléchir. Tom se fige, mais
garde le sourire.
« Vivre seulement avec toi, ici ? L’idée est
séduisante. Très séduisante même. Mais irréalisable malheureusement. La mère de Thomas risque de ne pas apprécier, et Thomas non plus
d’ailleurs.
- Et alors ? Thomas s’y
habituera, et nous remerciera quand il comprendra que c’est pour son bien. Et puis il ne voudra pas revoir sa mère, donc on sera tranquille de ce coté.
- Sauf que si elle le découvre, elle s’en prendra à toi, et je ne veux surtout pas
ça.
- Mais je
…
- Pas de mais. Je refuse qu’il t’arrive
quelque chose à cause de moi, ou de Sylvie. »
Pour être sûr que je ne dise rien, il pose ses lèvres rapidement sur les miennes.
« En fait, tu faisais quoi dans le parc, la première
fois ?
- Je cherchais un endroit calme.
Thomas venait de se faire engueuler pour une broutille, et j’ai franchement cru que j’allais frapper quelqu’un quand j’ai eu le contrôle. J’ai dû me retenir de mettre un poing à un mec qui est
venu me demander si j’avais du feu.
- Bah
heureusement que tu t’es calmé avant de me voir.
- Je ne t’aurais pas frappé. Même si je t’avais croisé juste en sortant.
- Pourquoi ? »
Je le regarde étonné.
« Tu as un visage doux. Un visage d’ange. Je … je ne
pourrais jamais te frapper, même si tu me le demandais. Je n’étais pas calmé en te voyant. Je me suis calmé quand je t’ai vu. J’ai su tout de suite que … que tu étais quelqu’un de bien. Que je
pouvais me confier à toi. Et quand j’ai dû partir, je n’ai pas résisté à t’embrasser. Je ne savais pas si j’allais te revoir, et je me suis dit que je ne perdais rien à
essayer.
- Moi je n’attendais qu’une
chose, un indice pour savoir si tu étais homo. Je n’allais pas te sauter dessus si tu ne l’étais pas. Alors j’ai attendu. Et le seul indice a été ton baiser.
- Et aujourd’hui, c’est un peu du hasard. Parce que normalement, Thomas ne
se rappelle pas de ce qu’il se passe quand je suis aux commandes. Mais là il se rappelait du parc. Un peu comme s’il en avait rêvé. C’est pour ça qu’il est venu. Et puis tu es arrivé. Je n’y
croyais pas. J’ai eu beau essayé de retenir Thomas, mais je n’ai pas réussi. Puis finalement il s’est laissé faire, et j’ai pu prendre sa place.
- Sauf que tu devras partir, ou Thomas reprendra sa place. »
Je baisse les yeux, et retient mes larmes. Je n’ai pas envie qu’il parte. Qui sait quand je pourrais le
revoir ? La prochaine fois que je le croiserais, ce sera peut-être Thomas. Je me sens tellement mal pour eux.
Je me
sers contre Tom, retient un soupir de plaisir en sentant ses bras se refermer sur moi. Je me sens si bien. Je … l’aime.
…
Je l’aime ? J’aime Tom ? J’aime Thomas ? J’aime ce corps qui souffre, ce cœur qui ne bat que pour
survivre.